À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Dans le royaume de Saugrenu, la petite fée (et princesse) Lia s’est mis en tête de trouver des baguettes afin que les fées recommencent à exercer la magie, une pratique qui n’a plus cours depuis mille ansi. Elle et sa cousine Reza, fille de sorcière, trouvent un recueil de formules magiques chez un ogre, mais ces formules ne servent à rien en l’absence de l’instrument approprié.
Avec son cousin Urso, à la faveur d’une baignade, Lia découvre un passage immergé vers le monde des Nu-mains, c’est-à-dire le nôtre. Ils y rencontrent une jeune pêcheuse, Isabelle, grâce à qui ils se familiarisent un peu avec le mode de vie humain. Urso, le petit ogre, semble bien s’en accommoder, mais Lia est craintive, particulièrement envers la télévision, et l’un de ses contenus les plus consternants, le bulletin d’informations.
Après avoir par hasard retrouvé Philippe, le garçon arrivé naguère dans son mondeii, la jeune fée doit retourner précipitamment dans son monde, avec Urso, car on les prend pour de jeunes fugueurs. En guise de souvenir, Lia rapporte une branche de lilas, arbuste qui n’existe pas dans son monde, qui s’avère faire une excellente baguette magique… à condition d’enlever ses gants (que tout le monde porte constamment, dans ce royaume).
Commentaires
L’auteure prend soin d’évoquer en introduction l’essentiel des deux histoires précédentes. Âgé de huit à dix ans, le lecteur visé (re)devient donc vite familier de ce monde à la faune hybride (lapichiens, oissons, fourmille-pattes, chachouettes, papirondelles…). Un monde où la réputation des humains est effrayante, comme (jadis) celle des ogres et des sorcières ici.
Habilement, l’auteure procède à une petite mise en abyme. Pour couvrir le fait que tout leur est nouveau, Lia et Urso prétendent jouer le rôle d’une fée et d’un ogrelet en visite. La mère d’Isabelle, qui les reçoit à souper, joue le jeu et fait semblant de les accueillir comme des petits visiteurs d’un monde magique. Ce qui donne cet échange savoureux, au sujet de l’authenticité des nouvelles du monde diffusées par la télé :
« Malheureusement, oui ! reprend sa mère. Ce qui prouve d’ailleurs que les bonnes fées n’existent pas. N’est-ce pas, petite fée ?
– Comment ça ?
– Aux informations, on n’a jamais vu de fée faire disparaître le malheur d’un coup de baguette magique. Ce serait trop beau, non ?
Peut-être que les fées ont simplement perdu leurs baguettes [...].
Eh bien, dans ce cas, retrouve vite la tienne. On a drôlement besoin de toi ! »
Avec ses nouveaux pouvoirs, sous la plume légère de Danielle Simard, Lia espère aider les gens de notre monde. Car ce qu’elle y a découvert, via la « télévitron », l’a bouleversée : les incendies, les inondations, la famine, la pollution qui empoisonne les fleuves, les révoltes, la violence sanglante de la guerre… Délicatement, sans faire la morale, et avec une sobre concision, l’auteure évoque une partie de ce que Lia pourrait régler, ou améliorer, à l’aide de sa salutaire baguette magique (en plus de soulager l’ogre du chapitre 1 de son embonpoint). Ces belles intentions ne font l’objet que des dernières phrases, mais Danielle Simard offre au lecteur une conclusion généreuse, porteuse d’espoir et d’altruisme. [DS]
- Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 181-182.
Références
- Baillargeon, Hélène, Lurelu, vol. 25, n˚ 2, p. 48.