À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Dans une salle d’attente semblable à toutes celles qu’elle connaît, une femme est soudainement assaillie par cette succube qui la torture depuis qu’elle a quinze ans. Dans sa tête, ses idées dérivent inexorablement vers la réceptionniste : et si elle l’aimait ? Des images troublantes s’offrent à elle de l’intérieur. Elle tente de résister mais n’y peut rien. Comment lutter contre ses démons intérieurs immortels ?
Commentaires
Encore une fois, Anne Dandurand part explorer ces zones érogènes de la littérature que sont l’érotisme et la pornographie. Ici, dans une construction à deux temps, le présent et le “futur intérieur”, elle pose tout d’abord un décor d’une banalité et d’une froideur à toute épreuve afin que la réalité intérieure n’en paraisse que plus exotique, plus chaude, plus… jouissive ? Se servant de la langue comme le chirurgien se sert de son scalpel, l’auteure commence par ouvrir efficacement les vannes du décor pour ensuite, lorsque l’intérieur du corps est mis à jour, y fignoler à petits coups précis le dessein des passions possibles, le contour des joies intimes.
Poétiquement, Dandurand décrit par le menu les possibilités de joie que sa proie recèle si jamais elle pouvait… si jamais elle voulait… tout d’abord dans l’immédiat, ici, dans ce décor banal, et plus tard, beaucoup plus tard, après une vie de délices, dans cette maison où ses fantasmes les plus osés peuvent se réaliser : ne s’aiment-elles pas depuis une vie ?
Seul reproche à formuler : la dernière partie, le dernier retour au présent, trop rapide, qui dilapide de façon remarquable toutes les potentialités du texte. Pourquoi conclure si rapidement ? La femme n’a plus la force de résister, je le conçois, mais la succube ne jouirait-elle pas de sa déconfiture, de sa nouvelle victoire ? De plus, la brièveté de ce retour au présent débalance le texte, laissant croire à une mise en scène plaquée là afin de présenter de manière originale les passages érotiques qui précèdent. Peut-être est-ce le cas, là n’est pas l’important. Il aurait fallu amener le personnage réel à une plus grande substance afin de bien faire comprendre au lecteur son dilemme, sa folie, sa passion, son délire. La fin n’en aurait été que plus percutante !
Un bon texte de Dandurand, comme toujours… ou presque ! [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 65.