À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Alors qu’il vient d’emménager avec sa compagne dans la maison d’un oncle décédé, le narrateur trouve dans la bibliothèque un bouquin intitulé Le Livre des morts. Cet ouvrage contient des notices biographiques de personnes décédées et d’individus qui vivront dans quelques siècles. Un jour, en le feuilletant, le narrateur tombe sur le nom de sa compagne…
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Commentaires
La première partie de la nouvelle d’Yves Meynard ne comporte aucune surprise. Voilà un thème souvent exploité, se dit-on, que celui du livre qui fait le malheur de son propriétaire. On anticipe un dénouement tragique comme dans « Le Pèlerin de Bithynie » de Claude Mathieu ou « Le Livre de Mafteh Haller » de Marie José Thériault. Pourtant, ce n’est pas ce qui arrive.
Meynard parvient à déjouer notre attente et à nous livrer une deuxième partie déroutante. Alors qu’on croit que le narrateur va trouver son nom dans Le Livre des morts, il trouve plutôt celui de son amie Gabrielle. En outre, le narrateur réussit à faire mentir le livre et à se moquer du destin.
D’ailleurs, le texte imprimé se modifie constamment. Pourquoi ? L’auteur semble suggérer que le destin n’est pas aussi fort qu’on le croit et que l’homme peut l’infléchir dans un sens ou dans l’autre. À la démonstration attendue de la fatalité se substitue donc un exemple de détermination, de lutte et de courage puisque le narrateur change son comportement pour réécrire le destin.
Au fond, l’homme sait très bien que la mort est la conclusion logique de l’existence. Il s’agit d’apprendre à vivre avec cette idée et de profiter le plus possible de la vie. Pour l’auteur, l’amour constitue un remède pour nous guérir de l’angoisse de la mort et nous faire accepter son caractère inéluctable.
Le texte d’Yves Meynard renouvelle avec bonheur une histoire passablement éculée en misant sur l’espoir et en suggérant de profiter de l’instant présent. En outre, « Le Livre des morts » propose une image saisissante qui traduit le passage de la civilisation de l’écrit à celle de l’audiovisuel quand le livre est remplacé par une voix qui récite en arrière-fond à la radio le contenu de l’inquiétant bouquin.
Un beau texte sans prétention qui fait grandement réfléchir parce qu’il contient toute une philosophie de la vie. Une des meilleures nouvelles, assurément, publiées par le fanzine Temps Tôt. [CJ]