À propos de cette édition

Éditeur
Carfax
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Carfax 17/18
Pagination
63-68
Lieu
Hull
Année de parution
1986
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Marc reçoit à son appartement un groupe d’amis. Timide, solitaire et taciturne, Marc se sent plutôt mal à l’aise parmi ses invités. Il connaît néanmoins, au cours de cette soirée, sa première relation sexuelle. Vers la fin de la réception, un étrange visiteur sonne à la porte. Marc doit affronter la réalité.

Commentaires

« Lui et ses amis » a toutes les apparences d’une nouvelle réaliste qui relaterait les discussions et les événements d’une réception banale. Le fantastique surgit toutefois vers la fin alors que le lecteur se rend compte que Marc, l’hôte solitaire, vit dans un autre univers. Il s’invente une autre réalité afin de meubler sa solitude.

Le sort de ce personnage suscite un certain intérêt mais il y a trop de banalités et de clichés dans ce texte. Le cadre de la nouvelle est étriqué, les conversations dont on aurait pu nous faire grâce sont prétentieuses et ennuyeuses (même si on a vu le film Ladyhawke dont il est question) et on ne nous épargne pas l’inévitable initiation sexuelle.

Cette nouvelle fantastique écrite en duo fait mentir le proverbe Deux têtes valent mieux qu’une. Laroche avait agréablement surpris avec sa première nouvelle, « Subway song ». Son association avec Amanda Carpentier, un nouveau nom, ne lui apporte rien de bénéfique.

« Lui et ses amis » ressemble aux premiers écrits que tout le monde commet quand il se découvre un moi et un corps. Mais tout le monde ne les publie pas, heureusement. Le résultat de cette mise à nu naïve et maladroite est finalement plus pathétique que ridicule. [CJ]


C’est vrai : il y a plein de banalités dans ce texte. Vrai aussi que les conversations sont prétentieuses, ennuyeuses. Mais quand le personnage principal est comme ce Marc, à quoi peut-on s’attendre ? Car il est tout seul, ce pauvre gars que la solitude prolongée a fait capoté. Un intellect de peu d’envergure ne peut engendrer que des fantasmes de peu d’envergure : est-ce une raison pour ne pas écrire de fictions sur ce type de personnage ?

Et puis, moi je trouve que l’écriture est tout à fait adaptée au sujet. Rien de grandiose, mais rien de mauvais. Par contre, la construction de l’atmosphère et la façon qu’ont les auteurs de parsemer le texte de phrases/clés m’a enthousiasmé. Ce n’est qu’en relisant le texte qu’on découvre sa richesse et sa subtilité. Le fantastique – le fantastique ? J’y reviendrai… – à cette deuxième lecture n’apparaît pas seulement à la fin : il est continuellement présent.

Car Marc sait inconsciemment qu’il nage dans une réalité truquée. Pour preuve cette phrase : « Marc sent soudain un grand vide […] La conversation s'arrête. Quand Marc revient, il la reprend là où il l'avait laissée. » (p. 64) Ou encore : « Pierre est fasciné. La conversation lui a échappé. » (p. 65) Et puis Marc ne voit plus personne, il s’énerve, prend peur « …se frotte les yeux pour chasser cette vision, pour rappeler celle de ses invités. À son grand soulagement, il y réussit. »  (p. 65)

Création de fantasmes sur demande, niveau de réalité : thème fantastique ? Non et non, c’est de la SF, ça, et très dickienne par-dessus le marché ! Ce qui me fait penser que dans les textes de Dick, il y a souvent plein de banalités, de conversations prétentieuses et ennuyeuses…

Et la fin, elle aussi dickienne à souhaits – Dick s’est souvent servi des miroirs pour retrouver la vrai réalité… quand il y en avait une ! – prend tout son sens quand on comprend que le personnage Marc est lui aussi une création de l’esprit malade et que sa réalité n’est elle aussi que simulée.

Vraiment, un excellent texte du duo Carpentier/Laroche, peut-être leur meilleur à date, et qui prouve encore une fois la valeur de ces nouveaux venus, tant séparément qu’ensemble.

Ce deuxième commentaire servira aussi à redorer le blason du proverbe Deux têtes valent mieux qu’une. [JPw]

  • Source : L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 45-46.