À propos de cette édition

Éditeur
imagine…
Genre
Science-fiction
Longueur
Novelette
Paru dans
imagine… 66
Pagination
11-44
Lieu
Sainte-Foy
Année de parution
1993
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Obsédé par le désir de découvrir de nouvelles formes de vie dans le cosmos, Mentrol apprend, dans sa jeunesse, qu’il y a un moyen de se rendre partout dans l’univers : les portes d’Ariane. À partir de ce moment, il consacre son existence à l’exploration de ces portes, mais toujours en vain : aucune trace de planète habitée, nulle part. Après vingt ans de recherches infructueuses, une sonde se pose dans un secteur très éloigné des portes d’Ariane, encore inexploré, le secteur M, où il semble y avoir de la vie.

Une expédition est autorisée, mais une pénible surprise attend Mentrol et son équipage sur la planète baptisée M8v : elle est en train de mourir. Les M8viens-A, de grands troncs sans branches couverts de mystérieux pointillés, se dessèchent sous l’action du poison injecté par les M8viens-B, petites sphères couvertes d’aiguillons. Après un examen minutieux du derme des M8viens-A, Mentrol découvre que les signes qui y sont gravés correspondent en fait à une carte du ciel qui est constamment mise à jour. Et cette carte du ciel indique que, non seulement M8v, mais aussi l’univers entier, est en train de disparaître.

Commentaires

Harold Côté signe ici une nouvelle de science-fiction où le mystère s’installe dès le départ, avec le titre, pour durer jusqu’à la toute fin. S’il est vrai que l’on apprend assez rapidement que M8v correspond au nom de la planète découverte dans le secteur M des portes d’Ariane, des éléments restent en suspens tout au long du texte, et même au-delà : pourquoi les trois quarts de la planète sont-ils recouverts par la faune « M8vienne » tandis que le reste est complètement désert ? Qui ou quoi grave les cartes du ciel sur les M8viens-A ? Pourquoi ? De plus, Mentrol et son équipage demeurent incapables d’expliquer les lois mécaniques, chimiques et biologiques qui régissent la planète.

Cette incomplétude de l’univers de M8v vient grandement contribuer à l’illusion référentielle et démontre une certaine maîtrise du genre science-fictionnel de la part de l’auteur. Nous pourrions même dire que l’incomplétude fait partie du motif même du texte, qu’elle en est le sujet. En effet, à la fin de la nouvelle, Mentrol a finalement réalisé son rêve mégalomane de découvrir d’autres espèces vivantes, non classifiées, mais ce rêve lui éclate en pleine figure : la seule autre planète habitée de l’univers disparaît au moment où il la découvre et son désir de gloire ne sera pas assouvi puisque personne ne sera jamais au courant de sa découverte. Cela lui fait dire, une fois qu’il en a pris conscience : « Pourquoi l’univers devrait-il durer pour toujours ? Pour satisfaire la curiosité sans limites d’individus de mon espèce ? […] Peut-être l’humanité n’a-t-elle jamais vraiment voulu tout comprendre, elle aura simplement espéré ne jamais cesser de s’émerveiller. […] Comprendre c’est cesser d’espérer, c’est créer le vide. »

À travers un texte qui change sans cesse de focalisateur et qui ne suit pas toujours un ordre chronologique, l’auteur de « M8v » accorde la forme de la nouvelle au fond. Le texte est bien écrit, le vocabulaire souvent recherché, malgré de rares occurrences où les mots ne sont pas très bien employés. Seul bémol : malgré sa maîtrise de l’écriture, l’auteur ne réussit pas à nous rendre les personnages attachants, on ne s’émeut pas de leur sort, il leur manque quelque chose, peut-être un peu de profondeur. C’est ce qui fait que, malgré le mystère qui plane, on n’embarque pas autant qu’il le faudrait dans le récit. [SN]

  • Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 65-66.