À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Alain est taciturne et craintif depuis qu’il a découvert le monde du Dessous, un royaume cauchemardesque où s’affrontent des magiciens obsédés de puissance. Un an s’est écoulé et la peur le ronge : qu’arriverait-il si les humains apprenaient l’existence des Maîtres du Dessous et provoquaient leur colère ? Il entrevoit des fins du monde apocalyptiques…
Ses craintes sont relancées par les événements qui se mettent à perturber sa petite vie d’étudiant, d’acteur dans la production amateur d’un film d’horreur et d’ami en puissance d’une jolie cégépienne appelée Sylvie. Deux voyous qui le harcèlent sont assassinés. Un ivrogne qui a voulu lui parler est également retrouvé mort peu de temps après. Son ami Christian le cinéaste disparaît. Il commence à capter en rêve des appels à l’aide. Et c’est finalement Sylvie elle-même qui disparaît alors qu’il vient de tout lui raconter.
Il est enlevé à son tour par Jaar, la créature d’un magicien vaincu. Emmené dans le monde du Dessous, Alain retrouve Christian et Sylvie, captifs des cachots souterrains de Jaar. Celui-ci veut récupérer la main de la jeune magicienne Sirconia, tuée lors de la dernière visite d’Alain. Il croit qu’elle lui donnerait la puissance dont il a besoin pour se défendre des Maîtres.
Avec l’aide du magicien Vombis, Alain et ses amis s’échappent. Pendant ce temps, l’esprit de Sirconia ne cesse d’interpeller Alain télépathiquement, mais celui-ci doute des bonnes intentions de la magicienne morte. Au terme d’un affrontement épique entre Jaar, Vombis, une goule asservie et une Sirconia ressuscitée, le danger représenté par Sirconia est conjuré. Alain et ses amis regagnent la surface, mais Alain va devoir s’interroger sur le comportement de son amie Sylvie, qui est partie bien vite et qui aurait peut-être emporté avec elle la main de Sirconia…
Commentaires
Ce roman d’horreur pour jeunes joue en grande partie sur l’identification des lecteurs avec le personnage d’Alain. Ce jeune Hullois épris d’horreur à l’écran ou dans les livres a eu le malheur de pénétrer dans ce monde du Dessous où l’horreur est bien réelle. Depuis, il est hanté par ses souvenirs, qui le poursuivent parfois jusque dans ses rêves. Claude Bolduc consacre les premiers chapitres de son roman à camper Alain dans un décor prosaïque, celui de Hull et de la maison familiale. Il évoque l’animation de la rue du Portage la nuit, les spectacles au cégep, les bars où Alain se fait passer pour plus vieux qu’il l’est, le cimetière local… En écrivain avisé, Bolduc compose un lent crescendo des incidents, de l’anodin au terrifiant, qui basculent de plus en plus nettement dans l’étrange. Lorsque le fantastique se manifeste franchement, le réalisme auquel s’est astreinte la narration permet de sauter le pas et de l’intégrer sans heurt au récit.
La seconde partie de l’histoire se passe dans les espaces caverneux du monde du Dessous. Si la description de la vie quotidienne en surface, à Hull, regorge de détails qui font vrai, le monde du Dessous continue à apparaître comme un peu trop schématique pour être crédible. Entre les goules sanguinaires et les magiciens classés selon un code de couleurs, il ne semble pas y avoir grand-place pour une société digne de ce nom. Même si Bolduc livre quelques aperçus d’un monde plus complexe, l’arrière-plan se réduit trop souvent à des galeries souterraines et des grottes ornées de stalactites.
Le tout est rondement mené, avec ce qu’il faut de péripéties et de rebondissements pour soutenir l’attention des lecteurs. L’action est sans véritable surprise et on pourrait reprocher au texte de ne pas vraiment miser sur l’émotion, mais ce n’est sans doute pas ce que le genre exige. L’histoire se conclut sur le mystère du comportement de Sylvie, qui agit avec un sang-froid extraordinaire et s’éclipse une fois de retour à la surface, emportant peut-être la main de Sirconia, ce qui laisse subodorer une suite.
Ainsi, Bolduc signe un texte d’horreur moyennement typé, qui s’adresse aux amateurs du genre et qui passionnera sans doute les jeunes qui pourront se reconnaître dans le personnage d’Alain et dans sa vie quotidienne. [JLT]
- Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 31-33.
Références
- Desroches, Gisèle, Le Devoir, 30/31-10-1999, p. D 8.
- Doré, Jean, Lurelu, vol. 22, n˚ 3, p. 36.
- Lafrance, Pierre-Luc, Ailleurs 1, p. 76-77.