À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Chaque année, elle s’évade de l’étroit quotidien. Mais ce voyage pour nulle part est pénible : avion retardé, bagage perdu, fatigue écrasante, coffre de voiture reçu sur la tête, etc. Elle aboutit à Svendborg, trouve de peine et de misère un endroit pour dormir, elle ne connaît pas la langue. Sans le savoir, elle se retrouve dans un bordel. Va-et-vient dans les corridors, dans les chambres, dans les lits… Dans son sommeil, elle assiste, impuissante, à ces rencontres sordides.
Puis l’hémorragie cérébrale qui lui ouvre la porte de l’au-delà. Mais c’est dans sa nature, même morte, l’errance sera son plaisir. Elle devient le fantôme du bordel.
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Commentaires
Courte nouvelle sur thème imposé – Chambre à louer –, « Maldonne » à Svendborg raconte l’errance sur le mode onirique. L’écriture d’Anne Dandurand, toujours soigneuse et parsemée de perles – « Pour, à la trouée des nuits, poser un baiser frais sur les paupières trop fines des filles » –, rythme l’action, pose les décors et campe les personnages de façon concise, efficace et touchante. Courte nouvelle, donc, mais sans scories, sans ronds de jambes inutiles.
Si l’intrigue reste mince, la chute finale un peu brusque – l’enchaînement hallucinations/hémorragie cérébrale n’est pas évident, c’est le moins que l’on puisse dire ! –, l’ensemble se laisse lire sans réticence et si, par bonheur, on a eu la chance de lire le texte à la vitesse voulue – largo –, on ne s’étonnera pas qu’à la toute fin des airs classiques nous traversent l’esprit en même temps que les décors vieillots du bordel – et cette transparence errante qui y vagabonde – s’estompent sur un point d’orgue. L’écriture, n’est-ce pas délivrer les émotions et les images de notre intériorité ? C’est ainsi que, pour ma part, je m’explique la très belle première phrase de « Maldonne » – « Les pires exils sont intérieurs » – et la relie à la dernière que je vous ai citée plus haut.
La boucle est bouclée. [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 66.