À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Mathieu Morissette et son père Gaétan jouissent de vacances en Gaspésie. En route pour visiter à pied une île voisine, ils font la connaissance de Marissa qui affirme qu’une demeure hantée dissimulant un trésor de pirates se trouve sur l’île où ils se rendent. Une fois sur place, père et fils s’approchent de la fameuse maison, mais le sol s’effondre. Ils se retrouvent alors dans un souterrain, à chercher la sortie, lorsqu’un spectre apparaît, se présentant comme le fantôme du pirate Enrique de la Corta, gardien du trésor. L’apparition les défie de franchir une porte enflammée se révélant sur une paroi en roc. Réussissant l’épreuve, Mathieu et Gaétan se retrouvent dans la salle du trésor et, puisqu’ils découvrent les richesses par hasard, sans intentions malhonnêtes, ils permettent enfin au fantôme d’être libéré de son sort.
À présent libre, le spectre n’a plus qu’à faire une bonne action pour achever de se racheter et accéder au repos éternel. Il souhaite donc arrêter des bandits qui s’apprêtent à fuir l’île, mais l’aide d’humains lui est nécessaire. Par conséquent, le fantôme mène Mathieu vers le sous-sol d’une maison. Ce n’est autre que celle de Marissa, dont le père est le criminel en fuite. Tentant de s’échapper, le père de Marissa tombe alors sur son arme et se tue accidentellement. Mais avant de disparaître, il reste un dernier pouvoir à Enrique de la Corta : il peut rendre un être humain heureux. Il souhaite donc que Marissa trouve une nouvelle famille aimante. Ce sera, bien sûr, la famille Morissette.
Commentaires
Fantôme, malédiction et escrocs en fuite sont au centre de ce roman combinant l’action au fantastique. L’intrigue, soutenue par le climat mystérieux d’une île disparaissant chaque soir sous la brume, se déroule en un lieu où les personnages sont, pour un moment, coupés du monde. En cet endroit isolé, la nature se dérègle, présentant des situations surnaturelles qui sont toutefois banalisées par le peu de réactions des personnages. En effet, les protagonistes ne manifestent qu’une peur relative et une surprise mitigée à l’apparition du fantôme ou face à la nécessité de sauter dans un cercle de feu apparaissant sur la pierre. Père et fils font vite preuve de sang-froid quand se présentent ces situations exceptionnelles et l’aventure prend la relève, séparant l’histoire en deux parties. Dans la première, le récit glisse vers le fantastique, alors que le surnaturel est assumé et que l’action prend le relais dans la seconde. La fin mouvementée tient aussi davantage du film d’action que du fantastique.
En outre, les incohérences de l’histoire se multiplient. En ce sens, pour ne mentionner que les plus grossières, soulignons que l’étendue des pouvoirs du spectre est peu crédible. Le fantôme sait en effet tout ce qui se passe sur l’île, il connaît le plan des vilains et peut même lire dans les pensées. Il a finalement le pouvoir de rendre un être humain heureux avant de quitter notre réalité. Cette accumulation ne semble avoir pour but que de faciliter la résolution de l’intrigue, court-circuitant les problèmes qui pourraient nuire à l’action. Comment savoir qu’il y a des voleurs sur l’île ou comment les attraper ? En donnant au fantôme le pouvoir de tout connaître d’eux et de l’île, bien sûr ! Considérant aussi que le sort dont l’esprit du pirate est victime fut lancé par un mage qui allait être tué et qui souhaitait sans doute se venger ou punir son agresseur par un enchantement, les capacités d’Enrique sont d’autant plus étonnantes ! Quant au père de Marissa, il y a lieu de se demander par quelle coïncidence, alors qu’elle prétend qu’elle connaît bien ce coin où elle vient tous les étés, il choisit justement ce jour pour fuir vers l’Amérique du Sud.
Ce livre, comme plusieurs titres de la même collection, propose donc une intrigue simple et mouvementée, semblant fluide, mais multipliant les coïncidences et les incohérences. Même la liberté qu’offre le fantastique à l’imagination connaît ses limites et demande de la cohérence. Le droit à l’impossible ne permet pas pour autant de sombrer dans l’invraisemblance. [SD]
- Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 159-161.
Références
- Champagne, Louise, Lurelu, vol. 19, n˚ 2, p. 24.