À propos de cette édition

Éditeur
VLB
Genre
Fantastique
Longueur
Théâtre
Format
Livre
Pagination
114
Lieu
Montréal
Année de parution
1986

Résumé/Sommaire

L’harmonie régnait même s’il y avait bien de temps à autre quelques disputes ou querelles entre terriens. C’était presque le paradis, en somme, et le beau fixe. Néanmoins, il fallait se méfier de Tchékapesh le satanique, le mystificateur. Personnage ombrageux et irascible, il aimait semer la confusion autour de lui et embêter les terriens.

Un jour, fâché pour un rien, il décide de jeter un sort au monde. Avec un long cheveu magique, il entreprend d’attraper par le cou Soleil et Lune afin de plonger le monde dans les ténèbres et d’arrêter la terre de tourner. Soleil se laisse prendre au piège et s’éteint lentement. Voyant cela, Grand-Mère Outarde, une femme forte et courageuse qui sert d’intermédiaire entre les dieux et les humains, se met en frais d’aller le délivrer. Elle est accompagnée par Renard Usé, Souris Trotteuse, Lièvre et Castor à Queue Plate.

Tour à tour, les trois premiers tentent de s’approcher de Soleil pour couper le lien qui le retient prisonnier mais, malgré leurs talents respectifs, ils échouent. En désespoir de cause, on s’en remet à Castor à Queue Plate, ce lourdaud, cet être si lent et qui a si peu de caractère. Contre toute attente, il réussit à délivrer Soleil pendant que Tchékapesh, précipité par Grand-Mère Outarde en bas du bouleau dans lequel il était perché, tombe dans les bras de Lune. Depuis ce temps, Tchékapesh est prisonnier de l’astre de la nuit et l’ordre naturel des choses n’est plus menacé.

Commentaires

  • Co-écrit avec Roselyne Boulard (France)

La Malédiction de Tchékapesh est une pièce de théâtre pour enfants inspirée des traditions orales et de la mythologie des Amérindiens. Cette pièce a été montée en mai 1985, à Blagnac, par une troupe française, le Théâtre du Pouce Caché, avec la collaboration de Michel Noël, ethnologue spécialisé en cultures autochtones au ministère des Affaires culturelles du Québec, qui en a rédigé le texte avec Roselyne Boulard, membre de ladite troupe.

La première partie du livre raconte la genèse de ce projet théâtral, son élaboration à partir de rencontres avec des Montagnais, les difficultés pratiques et financières que l’équipe de production d’un tel spectacle a dû surmonter. Présentée un peu comme le journal de bord de cette aventure théâtrale jugée insensée au début, cette partie témoigne de l’enthousiasme des artisans de cette production et de leur conviction profonde du bien-fondé de leur démarche visant à faire connaître une culture autre aux Français.

Quant à la pièce elle-même, elle est une excellente introduction à la mythologie amérindienne. La Malédiction de Tchékapesh est un conte fantastique qui explique le monde tel que le conçoivent les Amérindiens. Il épouse la forme de la tradition orale, fondement de la civilisation amérindienne, en ayant recours à l’intermédiaire d’un conteur, d’un animateur, d’un meneur de jeu, d’un Mista. On y voit à l’œuvre le rapport que l’Amérindien entretient avec la nature et avec les animaux et le respect qu’il voue aux ancêtres, dépositaires de la sagesse des dieux.

La figure centrale de cette conception de l’univers est sans doute celle du cercle : le cycle des saisons, la forme circulaire du tambour, instrument magique et sacré, le centre de la tente. Michel Noël explique la symbolique des animaux, de l’eau, de l’arbre, de la terre dans la mythologie amérindienne dans de courts commentaires en marge du texte de la pièce. Cet atno’gen nous révèle une civilisation basée sur une conception simple et panthéiste de l’univers, dont l’objectif premier est la recherche de l’harmonie.

Il n’y a guère que le romancier Yves Thériault qui ait abordé la culture amérindienne dans la littérature québécoise, notamment dans Le Ru d’Ikoué. En bon conteur qu’il était, Thériault décrivait les mœurs des Amérindiens dans leur quotidien tandis que la formation d’ethnologue de Michel Noël l’incite à scruter le mythe originel des sociétés amérindiennes, sans perdre de vue ses préoccupations pédagogiques. On peut regretter cependant que l’auteur ne situe pas l’importance du personnage de Tchékapesh par rapport à d’autres personnages mythologiques, comme le Carcajou. Celui-ci est beaucoup plus connu que Tchékapesh chez nous, grâce encore à Yves Thériault, mais aussi à Jean-Yves Soucy. Jean-Pierre April l’a également utilisé dans Le Nord électrique comme l’incarnation de l’esprit des Naskapis.

La Malédiction de Tchékapesh est une bonne pièce didactique qui sollicite le sens du merveilleux chez les enfants, tout en étant au service d’une démarche transculturelle. Cette démarche n’est-elle pas un des principes fondamentaux que s’est donné la science-fiction ? [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 104-105.