Manteau rouge grenat (Le) – 1

À la pension Mouton, une vieille femme arriva soudain d’on ne sait où – le Bosphore, l’Iran, la mer Caspienne ? Très vite, on s’aperçut que Madame Sophima avait des dons – arrêter le sang, parler aux oiseaux… – ou, plutôt, qu’elle réussissait à faire certaines choses extraordinaires en marmonnant des incantations. C’est ce qu’elle fit lorsque le fils Mouton, teinturier, la supplia de sauver un manteau coûteux dont il venait de rater la teinture. En marmonnant et en se déplaçant dans les quatre coins de l’atelier, la vieille fit se changer l’horrible couleur brune pour le rouge grenat demandé par le client, mais un rouge d’une qualité extraordinaire.

À Québec, Anita Bertier, après vingt ans de mariage, a laissé son mari pour partir à l’aventure avec un homme. À son retour, elle a obtenu le divorce et c’est au moment où elle fait ses valises que Josette lui rend visite. Anita lui raconte sa vie plus que conformiste, son mariage arrangé par sa mère avec Pierre Bertier, l’arrivée de cet ingénieur français, Gilles, qui lui a aussitôt déclaré sa flamme. Anita n’avait pas cédé, avait continué ses occupations habituelles, dont l’achat d’un magnifique manteau rouge grenat. Dès qu’elle l’avait mis, cependant, elle s’était sentie envahie par un bien-être remarquable et une nouvelle soif de vivre. Quand Gilles était revenu à la charge, elle s’était enfuie avec lui en France où elle avait vécu des semaines éblouissantes. Jusqu’au jour où, le temps rafraîchissant, elle avait décidé de porter un manteau plus chaud… et soudain, elle s’était terriblement ennuyée de chez elle. C’est ainsi qu’elle était revenue et que, maintenant, elle s’apprêtait à se retirer dans une maison de l’île d’Orléans.

Avant que Josette ne parte, Anita lui fait essayer le manteau, et la jeune femme se sent tout à coup fort bien. Anita le lui offre en signe d’amitié.

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