À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Barbara vit avec sa vieille mère malade. Elle visite souvent Elena et Ivan Sporr, d’autres réfugiés comme elle, et y rencontre Stefan Doloff, leur jeune locataire, lui aussi immigré et qui est amoureux de Barbara. Mais cette dernière tergiverse, n’arrive pas à se décider, comme si elle préférait le malheur au bonheur, ne cesse de lui répéter Elena. Après un nouveau refus de Barbara, Stefan, en colère, tourne son regard vers la belle et voluptueuse, mais si peu intelligente, Martha qui, elle, ne se fait guère prier.
Quelque temps plus tard, à la fête donnée en l’honneur des noces d’argent d’un couple d’amis réfugiés, les Lavroff, Barbara rencontre de nouveau Stefan et, à sa seule vue, ressent cet élancement dans la poitrine qui ne ment pas. Elle résiste encore, persiste à croire que c’est mieux ainsi jusqu’à ce que, la fraîcheur venue, elle enfile le manteau rouge. Elle manigance pour se débarrasser de Martha et elle avoue à Stefan qu’elle a fait fausse route en essayant de l’éviter. Celui-ci lui déclare son amour.
Quelques mois après leur mariage, Barbara veut faire nettoyer son manteau avant de le remiser. Mais, chez le nettoyeur, le manteau se dissout dans le bain, ne laissant dans l’atelier qu’une forte odeur de soufre.
Commentaires
Cette longue nouvelle, présentée comme un roman en trois épisodes, est construite de façon classique. On y trouve une trame régulière avec son prologue, européen, qui montre la création du manteau, les trois « chapitres » principaux, à la construction quelque peu répétitive, qui racontent chacun comment le manteau a modifié le destin de sa propriétaire du moment et, enfin, un très court épilogue qui fait part de la destruction du fameux manteau et rappelle au lecteur, si tant est qu’il a pu l’oublier entre-temps, que des incantations pas très catholiques avaient présidé à sa naissance et ce, en mettant l’emphase finale sur une odeur de soufre.
Hélas, c’est bien là la seule odeur sulfureuse de ce texte qui, malgré un prologue prometteur, n’offrira par la suite que la relation des trois « vies » changées – et de moins en moins ! – par le pouvoir du manteau, pouvoir qui, si on y regarde de plus près, rappelle drôlement celui de l’alcool qui, lui aussi, annule efficacement certaines inhibitions !
La première femme à posséder le manteau, Anita, verra sa vie totalement changée ; la deuxième, Josette, vivra un épisode un peu « olé olé », mais sa vie reviendra à la normale ; enfin, Barbara devancera le moment où elle se décidera à parler à Stefan, mais l’impulsion du manteau ne change en rien sa vie.
Certes, la présentation de ces trois personnages féminins est assez bonne, les destins tracés et les épisodes relatés se laissent lire sans déplaisir. Malheureusement, le procédé consistant à les réunir en un même texte paraît trop artificiel et, surtout, assez répétitif. Et puis, il faut bien avouer que, du point de vue de l’imaginaire, l’aspect le plus intéressant du texte réside dans le personnage de la vieille Sophima. Or nous ne la reverrons plus et n’apprendrons donc rien sur ses fameux pouvoirs.
« Le Manteau rouge grenat », paru dans une revue féminine, présente des personnages féminins issus de milieux différents – bourgeoisie, prolétariat, immigrés – et ayant chacun un passé et des horizons différents, mais aussi des vues divergentes sur l’amour. En ce sens, ce texte a dû atteindre ses objectifs. Ce qu’il ne fait pas si on l’analyse à la lumière de la littérature fantastique. [JPw]
- Source : La Décennie charnière (1960-1969), Alire, p. 53-56.