À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Chaque semaine, un vieux bus converti en échoppe itinérante ramène le marchand de rêves dans une ville grise et morne, peuplée d’habitants éteints qui ne se procurent rien d’autre que du rêve dérisoire « de puissance, de séduction, de pouvoir et d’argent ». Un 31 octobre, lors de l’habituelle escale hebdomadaire, une vieillarde couverte de haillons, d’où n’émergent qu’un regard perçant et des mains décharnées, réclame du rêve gratuit, inutile, cheval ailé, bateau qui parle, seau rempli de lumière dorée. Le lendemain, jour de la Toussaint, un arc-en-ciel fugace perce le gris du ciel. À partir de là, le marchand devient le témoin des changements qui, au fil des semaines, redonneront des couleurs à la ville et qui allumeront des étincelles dans l’œil des chalands.
Commentaires
Deux raisons motivent l’inclusion de ce conte dans L’ASFFQ. La première, c’est qu’il s’agit d’une allégorie : l’existence même d’un marchand de rêves, au sens propre, relève de la fantaisie. Ce personnage, Carmen Marois le crée pour traduire l’idée du Merveilleux et du Gratuit, du Magique et de l’Inutile.
La deuxième raison, c’est la magie induite par la vieillarde pour redonner vie et couleurs à la ville grise et à ses habitants. À cet égard, le conte se réclame plutôt du merveilleux que du fantastique. En effet, la magie en question agit de manière indirecte, elle ne provient pas d’un coup de baguette ni d’un sort mais bien d’une influence : elle opère dès que la vieille femme montre la voie aux citoyens de la ville grise en réclamant du rêve magique haut et fort.
Comme les événements rapportés pourraient se produire en tout autre temps de l’année, l’exploitation du thème de l’Halloween paraît accessoire. Toutefois, la mise en présence de la période de l’année avec les traits de la vieillarde renforce son identification avec l’idée qu’on se fait d’une sorcière. D’autant qu’en occupant peu de place dans le texte, quelques paragraphes à peine, la vieille femme joue un rôle narratif considérable : c’est elle qui déclenche l’action, c’est elle qui libère ainsi les habitants de la ville de leur gangue de grisaille. [RG]
- Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 123-124.