À propos de cette édition

Résumé/Sommaire
Matricule 206-400-665 vit dans une société du futur envahie par l’obsession de la numération. Le quotidien de ce comptable au service d’une compagnie d’assurance est contaminé par les chiffres et même ses rêves n’en sont pas exempts. L’un d’eux lui fait voir un Québec dévasté par une bombe atomique dont il est le seul survivant, ce qui le pousse à se suicider (dans son rêve).
Commentaires
Fidèle collaborateur du Bulletin des agriculteurs, l’agronome Jean Blanchet a publié six nouvelles de science-fiction et une nouvelle fantastique entre 1975 et 1980. Présentés sous la rubrique « Place à la détente ! », ces textes, on le devine bien, n’ont aucune prétention littéraire.
L’auteur déplore ici la prolifération des chiffres dans la vie courante au détriment des mots porteurs d’humanité, ce qui contribue à l’appauvrissement de notre rapport aux autres. Le narrateur vit seul, sans véritable contact avec ses semblables, situation qui génère un sentiment de déprime même dans ses rêves. Si la nouvelle affiche un petit côté visionnaire quand on pense au langage employé dans les textos, le texte demeure toutefois beaucoup trop sage pour que sa critique porte et qu’elle marque les esprits. Il n’y a aucune montée dramatique dans cette pochade au demeurant insipide.
Il aurait fallu que Jean Blanchet pimente son propos de plusieurs traits d’humour comme celui-ci pour susciter l’intérêt : « […] ce réseau d’État donnait son télé-journal ou, si l’on aime mieux, son émission de nouvelles syndicales. J’ai cru comprendre que d’ici 24 heures, les 2 employés d’une petite boucherie de St-Alexandre, dont l’un était affilié à la FTQ et l’autre à la CSN, envisageaient la possibilité de se mettre en grève ». Antisyndicaliste, notre auteur, et contempteur de Radio-Canada ?
On se demande pourquoi il situe le récit en 2050 ou même après puisque la réalité qu’il dépeint correspond déjà à celle de l’époque de la publication de la nouvelle, soit 1977. Notre numéro d’assurance sociale à neuf chiffres, attribué dès notre naissance, nous le rappelle régulièrement. [CJ]