À propos de cette édition

Éditeur
Boréal
Titre et numéro de la série
Matusalem
Titre et numéro de la collection
Junior - 30
Genre
Fantastique
Longueur
Roman
Format
Livre
Pagination
211
Lieu
Montréal
Année de parution
1993
ISBN
9782890525994
Support
Papier
Illustration
Pierre Dury

Résumé/Sommaire

Quand des fantômes de pirates débarquent à Sainte-Lucie-de-Bagot, on devine que c’est pas pour des prunes. Ce qu’ils convoitent plutôt, c’est le talisman qu’un des pirates traqué par les autres, le chevalier Philippe de Beauchesne, doit récupérer s’il veut se délivrer du mauvais sort qui lui vaut les limbes éternels. La magie étant ce qu’elle est, le chevalier ne peut toucher le précieux objet lui-même, pas plus lui que tout autre fantôme. Il doit donc enrôler un humain, un vrai, ayant la même date de naissance que lui, pour prendre le talisman là où il se trouve puis le transporter à destination.

Les pirates enlèvent Olivier, un garçon de onze ans qui a « emprunté » le talisman pour le compte du chevalier de Beauchesne, et qui le transporte pour lui. Dans leur fuite, les ravisseurs causent de vrais inconvénients et de trop réels dégâts, aussi fantômes soient-ils. La bande des amis et camarades d’Olivier se lance à leur poursuite. Guidés par le chevalier, ils vont remonter quelques siècles en arrière en passant par une chambre secrète, et se trouver propulsés sur une île tropicale qui abrite le bateau des pirates au fond d’une crique. La jeune troupe doit alors improviser un moyen de tirer Olivier des pattes des pirates puis de récupérer le talisman. Au lieu de les décourager, l’ampleur du défi stimule les enfants. Ils imaginent un stratagème pour faire subir l’enfer aux pirates et ainsi les mettre en déroute. Grâce à leur astuce, ils feront sortir tous les démons de leurs abîmes – voilà du moins comment les pirates perçoivent ce qui se passe – et réussiront à terroriser une bande de boucaniers cruels et sanguinaires, habitués à infliger la terreur aux autres, pas à la subir.

Commentaires

Matusalem porte le sous-titre Deuxième chronique de Sainte-Lucie-de-Bagot du fait que l’aventure se déroule en partie dans le décor de Simon-les-nuages, un autre film scénarisé et réalisé par Roger Cantin, et avec à peu près les mêmes personnages. Oui, mais n’est-il pas question d’un livre ici plutôt que d’un film ? Il faut bien en convenir, sauf que dans le cas présent, la frontière entre le scénario et le roman s’estompe souvent, au point de disparaître souvent. Lire le livre, c’est un peu comme voir le film : la narration suit exactement le déroulement de la production cinématographique, séquence par séquence, prise de vue par prise de vue, plan par plan. Même l’écriture fait cinéma, les dialogues, les scènes, les personnages, pas de temps pour les fantaisies, peu pour le décor, pas plus de descriptions que de mises en situation, juste l’action, les répliques, le mouvement, le geste. Soumises à un tempo vif et soutenu, les phrases courtes se succèdent en gardant une syntaxe simple, voire expéditive.

Par ailleurs, Cantin sait créer des personnages vivants et justes qui ont, chacun, leur caractère propre. Mieux encore, ils servent toujours bien l’intrigue, ils participent de plein droit à cette histoire bien ficelée et pleine de rebondissements. Pour autant, le scénariste-romancier ne manifeste aucune prétention littéraire. Les exploits et les tours de force ? Très peu pour lui. Le style et l’emphase ? Encore moins. L’écriture se met au service de l’histoire. Et puis, la littérature jeunesse se prête mal à la pyrotechnie littéraire. D’ailleurs, pour mieux accrocher le lecteur, se mettre à son diapason, l’auteur donne la parole à Laurent, le frère cadet d’Olivier, qui fait là son apprentissage de romancier. Témoin privilégié, il assiste à tout ce qui se passe ; pour obtenir un meilleur portrait d’ensemble de la situation, il se tient à la marge des événements, à la même hauteur exactement que son public. En outre, Cantin donne au narrateur un bon sens de l’observation, de l’imagination, de l’esprit et une confiance inébranlable en sa bonne étoile.

Il y a tout lieu de croire que les préados amateurs de romanesque – il doit bien en exister encore – qui entreprennent de lire Matusalem seront vite captivés et qu’ils deviendront difficiles à tirer de leur lecture. Ils auront d’autant plus de plaisir s’ils apprécient les ingrédients indispensables du roman d’aventures : de l’action, des événements improbables, de l’humour, des rebondissements, des personnages attachants ou marquants, du romanesque quoi ! auxquels l’auteur ajoute une pincée de magie, une demi-tasse de fantômes et sept onces de fantaisie. [RG]

  • Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 47-48.

Références

  • Desroches, Gisèle, Le Devoir, 15/16-01-1994, p. C 11.
  • Luneau, Pierre-Greg, Lurelu, vol. 17, n˚ 1, p. 18.