À propos de cette édition

Éditeur
Pierre Tisseyre
Titre et numéro de la collection
Chacal - 8
Genre
Fantastique
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
135
Lieu
Saint-Laurent
Année de parution
1999
ISBN
9782890517233
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Marie-Jo, dix-sept ans, étudiante en lettres au cégep, trouve un emploi de fossoyeuse dans un cimetière. Elle fait souvent des cauchemars qui lui semblent de plus en plus réels. Elle se voit en train de se défendre contre un homme qui veut abuser d’elle et qu’elle tue. Elle est ensuite accusée de ce meurtre, pendue et son corps est suspendu dans une cage à la croisée des chemins.

Au cimetière où elle travaille, un de ses collègues, Larry, trouve une tombe contenant un cadavre de femme encagé vieux de deux cents ans. Des journalistes et des policiers viennent examiner la dépouille. Un jeune médecin, Julien Beausoleil, est appelé pour faire les examens nécessaires. Une amitié se développe entre les deux jeunes gens.

Trois employés du cimetière, Quasimodo, Larry et Sylvain, ont des visions depuis l’exhumation du corps. Quasimodo est hospitalisé et ses hallucinations horrifiantes viennent à bout de lui. Larry est arrêté pour avoir tenté d’écraser quelqu’un parce qu’une voix le lui ordonnait. Sylvain, après avoir tenté d’enterrer vivant Larry, s’est suicidé.

Les cauchemars de Marie-Jo deviennent de plus en plus prenants, elle se sent possédée et agit pendant ses transes. Elle quitte son travail au cimetière afin de se reposer. Plusieurs cas de delirium tremens sont répandus dans la ville et ils déclarent tous voir une sorcière les poursuivre pour les tuer. Julien trouve le coupable de cette épidémie : il s’agit d’un champignon microscopique qui se développe sur les squelettes, qui provoque des hallucinations et se répand comme la grippe. Julien administre un antidote à Marie-Jo qui comprend, lors de sa dernière vision, que la morte désire une sépulture chrétienne.

Commentaires

Daniel Mativat offre une histoire fortement inspirée du procès de la Corriveau et de toute la légende entourant cette célèbre affaire criminelle. On retrouve aussi, dans le roman, quelques chansons et d’autres allusions culturelles et historiques. Ces références peuvent soulever l’intérêt du lecteur pour les épisodes rocambolesques de l’histoire du Québec.

Malgré la page couverture, quant à moi fort rebutante mais qui peut peut-être plaire à un jeune lectorat, on se laisse prendre au récit, même si l’histoire de la Corriveau est loin d’être inconnue. L’interpénétration des mondes réel et fantastique se fait graduellement et atteint des paroxysmes presque indémaillables. L’explication scientifique ne vient pas totalement désamorcer l’effet fantastique, puisque le lecteur reste imprégné des impressions du personnage principal données par la narration au « je ».

Le récit de Daniel Mativat semble accréditer la thèse de la culpabilité de la Corriveau, puisque la revenante s’en prend aux hommes, les hante et les détruit. L’expression de la vengeance après la mort, chère aux fantastiqueurs, trouve ici une autre variante. On y voit aussi une forte propension à la croyance en la fatalité ou à la coïncidence des éléments du fantastique : tous les morceaux du puzzle se mettent en place malgré eux.

La liberté de la victime, personnage en contact avec le phénomène, est totalement bafouée. C’est en cela que Marie-Jo correspond à la Corriveau qui la hante. Celle-ci est, selon cette version, doublement victime : d’abord, d’un mari abuseur ; ensuite, du zèle des militaires anglais décidés à faire un exemple et à montrer leur pouvoir : « Vous, chiens de Français, nous allons vous apprendre à respecter l’Ordre et la Loi. C’est le premier crime commis depuis la conquête de ce pays. Il n’y en aura pas d’autres. » Cela dénonce l’absence de pouvoir des femmes, d’autant plus si elles étaient canadiennes françaises. Le pouvoir non officiel est donc remplacé par un pouvoir officieux et sulfureux : la sorcellerie. Morte sans sacrement, la revenante vient réclamer réparation parce que son âme ne connaît pas le repos. Seuls le pardon et la prière lui font abandonner le monde des vivants.

Il me semble que La Maudite constitue une intéressante initiation à la culture et à l’imaginaire patrimoniaux québécois. [AL]

  • Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 113-115.

Références

  • Côté, Jean-Denis, Québec français 117, p. 106.
  • Desroches, Gisèle, Le Devoir, 19/20-06-1999, p. D 10.
  • Fontaine, Catherine, Lurelu, vol. 22, n˚ 2, p. 42-43.