À propos de cette édition

Éditeur
XYZ
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
XYZ 26
Pagination
7-12
Lieu
Montréal
Année de parution
1991
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Amené par son travail à séjourner dans une ville étrangère, le narrateur occupe ses moments libres en se rendant à un musée. Il s’immobilise invariablement devant une toile représentant un visage féminin et entend une voix qui s’adresse à lui dans une langue inconnue tandis que les traits du modèle s’estompent de séance en séance. Un jour cependant, la toile retrouve sa définition originale, et le narrateur s’aperçoit que la femme regarde dans la direction de la cafétéria où il a coutume de manger en compagnie d’une habituée du musée. Il pressent que celle-ci n’y sera plus…

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Commentaires

« Une histoire que l’on comprend est une histoire mal racontée » disait Bertolt Brecht. Si Bertrand Bergeron (tiens, il a les mêmes initiales !) souscrit à cette idée, sa nouvelle est une réussite complète. En effet, « Mazìn taïno » garde pour moi une grande partie de son mystère.

À prime abord, ce texte fantastique apparaît plutôt classique. Une toile dont le motif s’efface peu à peu puis réapparaît, un personnage représenté sur une peinture qui semble prendre vie, voilà des thèmes récurrents en littérature fantastique. Cependant, l’auteur déjoue notre attente puisque si l’on soupçonne qu’il existe un lien entre le portrait de la femme qui s’efface et la femme avec laquelle déjeune le narrateur, il ne semble pas que celle-ci soit la projection de celle-là.

La clé de l’énigme se trouve peut-être dans le sens des paroles entendues par le narrateur : « i iéqué desderado mazìn taïno péquiné. » Quelle langue est-ce ? Que signifient ces mots ? Coup de fil à l’auteur qui m’apprend qu’il s’agit d’une langue inventée de toutes pièces – un mélange de roumain, de latin et d’espagnol – et que la phrase n’a aucune signification en soi quoiqu’elle ait un sens dans l’économie du texte par son côté obsessif.

En somme, « Mazìn taïno » traduit le rapport de l’être humain à l’œuvre d’art. L’expérience esthétique qui résulte de cette rencontre provoque une émotion personnelle et unique. Ainsi, la visiteuse qui lie connaissance avec le narrateur entend, pour sa part, les premières mesures de la Pastorale de Beethoven devant une peinture de Colville. L’auteur concrétise littérairement cette théorie puique sa nouvelle suscite diverses interprétations.

Bertrand Bergeron est un des rares écrivains qui excelle autant dans le fantastique que dans la science-fiction. Il laisse travailler l’imagination de son lecteur en ne lui donnant pas du tout cuit dans la bouche. Moyen infaillible pour qu’un texte hante longtemps l’esprit du lecteur. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 27-28.