À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Obligé par le travail de séjourner loin de chez lui à Black Lake, le narrateur s’inquiète du silence inexplicable de sa femme qui ne répond pas à ses appels quotidiens. Excédé, il décide de rentrer un soir mais semble se tromper de route. Quand enfin il arrive près de Black Lake, panne sèche en plein milieu d’un banc de brouillard. Poursuivant à pied, il s’engage dans le sillage d’un homme en manteau râpé qui le précède chez lui. L’amant de sa femme ? Sur le pas de la porte, il entend la voix de son épouse chanter en langue étrangère sur une mélodie insolite. Hors de lui, le mari défonce la porte mais trouve la chambre vide. Ces images lui tournent dans la tête ; le revoilà sur la route, décidé à rattraper et à doubler l’inconnu en manteau râpé, arrivé chez lui le premier, et à faire l’amour à sa femme en lui murmurant des mots doux en langue étrangère…
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Commentaires
Comment dire l’envoûtement que provoque l’écriture de Danielle Dussault ? Dans les textes qu’elle nous a jusqu’ici donnés à lire, l’auteure privilégie un style merveilleusement simple, d’un lyrisme discret dénué de maniérismes, parfaitement adapté à sa pratique du fantastique. On est à mille lieues des procédés un tantinet mécaniques de l’école anglo-saxonne (King, Koontz et autres techniciens plus ou moins doués du cauchemar préfabriqué) et beaucoup plus près d’une espèce de dérive poétique.
Dans « Mea Culpa », le glissement vers le monde onirique s’effectue sans le moindre heurt, tant Dussault excelle à brouiller les frontières entre réel et surréel. Cette facilité à exprimer la perméabilité des deux univers antagoniques rend les textes de l’auteure d’autant plus difficiles à cerner ; heureusement, et c’est là une des principales forces de l’auteure, ce clair-obscur qui imprègne le propos ne nuit jamais à son intelligibilité. Sans tomber dans l’interprétation plate et réductrice, on note qu’il est question ici d’incommunicabilité entre deux membres d’un couple, thème cher à Bertrand Bergeron avec qui Danielle Dussault partage une prédilection pour les ambiances troubles et indéfinissables. Comme dans un rêve qui nous revient graduellement en mémoire, tout dans leurs textes semble aller de soi – y compris les mauvais raccords, les sauts narratifs et les incongruités.
Une nouvelle à lire et à relire, pour les délices du vertige. [SP]
- Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 73.