À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Daniel Verrier est un homme ordinaire auquel le destin réserve un sort plus que troublant. Employé de la Commission scolaire et pompier volontaire de la petite ville de Ville-Marie, située sur les bords du lac Témiscamingue, il répond à une alerte incendie en pleine nuit et subit une blessure inusitée qui aurait dû lui être fatale mais à laquelle il survit non sans de nombreuses séquelles psychologiques, dont une amnésie partielle. Commence pour lui une descente aux enfers qui affecte son entourage : beuveries, rêves troublants et troubles de la personnalité l’isolent peu à peu. La vie de Verrier bascule ensuite lorsqu’il perd ses deux enfants, Marie-Émilie et Sébastien, dans les eaux froides du lac. L’univers de Daniel s’effondre. Sa femme le quitte et il a de plus en plus de mal à affronter ses cauchemars qui semblent parfois s’immiscer dans la réalité, comme l’inquiétante apparition, dans le bar où il s’est arrêté, d’un homme qui lui dit : « Daniel, le lac attend… ».
Appelé à combattre un nouvel incendie dans un manoir abandonné sur la rive du lac, Daniel et ses acolytes découvrent un charnier qui semble avoir servi au sacrifice de jeunes enfants. Il se trouve alors mêlé à l’enquête policière qui l’amènera à d’étranges révélations concernant une légende amérindienne selon laquelle un monstre, prisonnier du lac, attend d’être libéré par le sacrifice d’enfants. On le prévient qu’il a déjà offert, bien involontairement, deux victimes au monstre du lac et que ce dernier pourrait le contraindre à immoler la troisième victime pour se libérer. Fouillant dans son passé, Daniel découvre qu’il a un fils jusque-là inconnu dans la région et comprend que, oui, le lac attend. L’ultime sacrifice aura-t-il lieu ?
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Commentaires
Dans ce roman fantastique, Champetier nous convie à une randonnée dans son coin de pays que, visiblement, il aime et qu’il nous apprend à aimer. Le cadre géographique et la vie quotidienne de gens sont servis ici par une écriture extrêmement vivante qui donne à l’ensemble une véracité qui conforte le lecteur. Voici un univers dans lequel on s’installe avec plaisir et c’est peut-être là la principale qualité de ce roman.
Au fur et à mesure que la lecture progresse, impossible de ne pas avoir une pensée pour Stephen King. L’auteur adopte en effet une approche similaire à celle de King, à savoir le glissement progressif du fantastique dans un monde familier, tout occupé à gérer son quotidien. Dans La Mémoire du lac cependant, les véritables manifestations du fantastique sont surtout concentrées dans la dernière partie du texte. Auparavant, on assiste à un saupoudrage de cauchemars et de visions qui sont confrontées à des tentatives d’explications de la part d’une psychiatre. Ce n’est qu’après la découverte d’un charnier où des enfants étaient sacrifiés et celle d’un mystérieux cahier décrivant des rites amérindiens que le fantastique prend vraiment sa place.
On s’étonne d’ailleurs un peu que l’intérêt de Verrier pour l’histoire des Premières Nations occupe si peu de place dans les premiers chapitres, donnant l’impression que l’auteur a voulu établir un lien qui n’existait peut-être pas au départ. Quoi qu’il en soit, dès le lancement de l’enquête suivant la découverte du cahier jusqu’à la fin coup de poing, Champetier nous montre qu’il peut être très à l’aise et très habile quand vient le moment d’entraîner le lecteur au cœur du mystère. Ici, la source du fantastique nous plonge dans une mythologie amérindienne peu connue mais bien documentée par l’auteur, ce qui ne gâche rien.
Cela dit, la lecture de ce roman n’est pas sans embûches. Si l’écriture est généralement d’un bon niveau, on se heurte à des passages plus relâchés qui font baisser l’intérêt ainsi qu’à quelques incohérences qui auraient pu facilement être corrigées. Certaines métaphores font aussi hausser les sourcils. Enfin, on a un peu de difficulté à saisir l’identité du personnage principal. On comprend que ses troubles de comportement font partie du mystère mais, le roman étant écrit à la première personne, on a toujours l’impression qu’il se cache des choses à lui-même, donc à nous, lecteurs. L’effet de distance qui en résulte fait en sorte qu’il nous apparaît au final antipathique, malgré les bons moments passés en sa compagnie tout au long du récit.
Une œuvre inégale donc, où la réalité régionale et la splendeur du lac au fil des saisons sortent cependant grandes gagnantes. [JD]
- Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 43-44.
Prix et mentions
Grand Prix de la science-fiction et du fantastique québécois 1995
Références
- Baril, Raymond, imagine… 68, p. 133-134.
- Bonin, Pierre-Alexandre, Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec IX, p. 530-531.
- Bonin, Pierre-Alexandre, Clair/Obscur 15, p. 68-69.
- Morin, Hugues, Temps Tôt 30, p. 38-39.
- Pelletier, Francine, Solaris 109, p. 34.