À propos de cette édition

Langue
Anglais
Éditeur
House of Anansi
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Invisible Fictions. Contemporary Stories from Quebec
Pagination
121-147
Lieu
Toronto
Année de parution
1987

Résumé/Sommaire

Au cours d’un étrange procès, douze accusés viennent témoigner à la barre devant un juge et un greffier qui note leurs dépositions en y ajoutant du sien. Chaque témoin a une vision très personnelle du meurtre qu’il a commis en état de légitime défense. Au terme du procès, le juge condamne tous les accusés « au méta, à la mort, à la faux ».

Première parution

Métamorfaux (Le) 1974

Autres parutions

Commentaires

Là où les choses se compliquent dans « Le Métamorfaux », c’est lorsqu’on fait la somme des commentaires des quatorze (au moins) personnages de cette nouvelle hybride, et qu’on s’arrête à leurs divergences et à leur “fantasticité” : chacun des accusés soutient avoir vu des phénomènes qui ressortissent à l’improbable dans un coffre situé dans la pièce où le crime a été commis et chacun y voit un reflet de ses obsessions. C’est le greffier qui semble avoir le dernier mot puisque, dans une partie ultérieure, il dit qu’il a tué le juge. Mais un postlude complique les choses en brouillant le jeu des voix narratives et de la représentation : un narrateur, qui est peut-être encore le greffier, parle de ses errances à Bogota et à Montréal, et de ses écrits qui s’accumulent dans un tiroir.

Plus que tout, il se crée autour du coffre une fantasmagorie qui donne, entre autres choses, à cette nouvelle son caractère fantastique : le coffre – qui est aussi l’image associée au tribunal lui-même ainsi qu’au tiroir où le narrateur de dernière instance range ses feuillets – s’ouvre souvent seul et il en sort monts et merveilles, crimes, horreur et châtiments.

En revanche, le fait de superposer, aux témoignages des accusés, des voix qui tranchent (le juge) ou qui créent une distance ironique (le greffier) laisse croire que la fantasmagorie l’emporte sur le fantastique. Toutefois, la conviction avec laquelle chacun des accusés affirme “sa” propre réalité fait apparaître l’irréel comme réel, au moment de la narration du moins. Ultimement, cette plurivocité narrative confère au « Métamorfaux » son statut fantastique si l’on veut bien oublier les règles canoniques du genre.

Dans ce texte, Jacques Brossard donne libre cours à son imagination en opérant des emboîtements de récits qui témoignent du fait que la réalité n’est pas une mais multiple, suivant le point de vue où l’on se place, et qu’elle est discutable. Vaguement borgésien, « Le Métamorfaux » illustre de manière absolument brillante, faut-il le dire, le versant le plus baroque de la littérature fantastique québécoise. [MLo]

  • Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 54.