À propos de cette édition

Éditeur
La Patrie
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
La Patrie, vol. XXVI, n˚ 145
Pagination
5
Lieu
Montréal
Date de parution
13 août 1904

Résumé/Sommaire

La rumeur circule que des fi-follets ont été vus à proximité du moulin de Norbert Delorme, à Pointe Lévis. Le curé de Saint-Roch envoie la nuit son bedeau, Chrysologue Champoux, espionner le meunier. Il le voit sortir du bâtiment avec trois individus qui rappellent à Norbert le pacte qu’il a conclu avec le diable en échange d’un montant de 5 000 $.

Commentaires

« Le Meunier endiablé » commence par une déclaration d’amour de l’auteur à la ville de Québec et à sa voisine en face, Lévis, qui s’étend sur plusieurs paragraphes. L’histoire racontée par le père François tarde, par conséquent, à se mettre en place. Il évoque les rumeurs au sujet du moulin de Norbert Delorme où des fi-follets auraient été aperçus. Quand il mentionne que le meunier ne pratique pas sa religion et qu’il se vante d’avoir « toutes les divinités dans ses bottes », on ne doute plus qu’il s’agit d’un mécréant et que son compte est bon.

Sans surprise, il s’avère que le meunier a conclu un pacte avec le diable représenté par trois démons en échange d’une somme d’argent. La contrepartie du contrat est toutefois fort étonnante : les émissaires de Satan lui ordonnent de travailler « de concert avec Patrick Morran notre ministre presbytérien pour nous gagner des fidèles ». C’est la première fois que je vois une telle pointe adressée à l’Église presbytérienne, dissidente de l’Église catholique romaine. Que ce différend religieux se trouve exposé dans une fiction – et de façon assez frappante ! – ne manque pas de surprendre.

Le dénouement, expédié en quelques lignes, déçoit en utilisant la foudre comme instrument du châtiment de Norbert Delorme. Sans intervention divine, cela laisse croire qu’il a tout simplement été malchanceux. En fait, la conclusion semble avoir été conçue expressément pour appuyer le diction « Farine du diable retourne en son ».

La trame narrative très dépouillée se résume à une seule action. Le texte manque d’ambition et de profondeur. C’est ce qui marque la différence entre un scribouilleur comme Alfred Descarries et des écrivains de talent comme Louis Fréchette, Joseph-Charles Taché et Pamphile LeMay, pour n’en nommer que quelques-uns. [CJ]