À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Vincent Beauvoir vient d’emménager dans le quartier Génonçon, sur la rue Milliriard, qui a la particularité de se rétrécir brutalement à mi-course. On raconte que ce rétrécissement serait le résultat direct de la fureur divine !
Vincent fait la rencontre de plusieurs habitants de la rue qui ne paraissent guère sains d’esprit. À la télévision, la candidate aux élections municipales, Noémie Forcier, dénonce l’incurie du Parti Libérateur du Peuple…
Une vieille errante aborde Vincent un soir et lui remet un couteau effilé en lui demandant de se couper les mains et de les apporter « pour la fête »… Le lendemain, il ne retrouve plus son appartement, qui s’est volatilisé… On l’emmène à un party donné en l’honneur de Noémie Forcier. Les invités veulent lui sectionner les poignets, car il se conforme à une prophétie satanique, mais il se défend d’être « pur et sans vice » tel que spécifié…
Vincent se réveille dans son appartement le jour des élections municipales. Il se rend voter, mais les autres votants sont tous amputés des deux mains…
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Commentaires
Joël Champetier, directeur littéraire de Solaris, comparait ce texte à un film de Polanski. J’ai en effet l’impression qu’il passerait bien mieux à l’écran que sur la page. Même après relecture, j’en garde une impression d’arbitraire décevante. Les divers phénomènes constituent davantage un catalogue d’« idées pour une nouvelle fantastique » qu’un ensemble cohérent.
La narration de Natasha Beaulieu n’est pas toujours efficace : les réflexions intérieures de Vincent, reproduites en italiques, sont parfaitement triviales, les aperçus de son tourment intérieur sont peu convaincants. Le style est souvent empesé, conférant à tout le texte une atmosphère Vieille Europe, renforcée par les noms propres. Je ne crois pas que cette ville soit le « double fantastique » de Montréal, comme l’affirme Champetier ; elle me paraît plutôt un distillat des lectures fantastiques de l’auteure.
Pourtant, elle avait des possibilités, cette nouvelle. Trop ambitieuse pour les moyens de son auteure ? Probablement. Un échec audacieux vaut mieux que deux réussites sans envergure, mais le rationaliste encroûté que je suis râle encore après la logique dans l’absurde qui aurait fait de « La Milliriard » une attaque en règle sur la psyché du lecteur plutôt qu’un murmure sinistre à l’oreille qu’on peut trop facilement choisir de ne pas entendre. [YM]
- Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 12.