À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Lors d’une balade dans les bois afin de faire un peu de recherche pour sa polyvalente, Stéphane est repéré par un vaisseau spatial. Une jeune fille de son âge, Aster, en descend et l’invite à l’accompagner afin de participer à un procès crucial. Elle le persuade enfin de la suivre, mais, une fois dans l’espace, leur vaisseau est intercepté par un vaisseau-pirate, l’Arkès, commandé par le capitaine Korax.
Avec ses prisonniers, le capitaine Korax visite la station spatiale du vieux savant Sophos, dont il est le fils mal-aimé. Sa sœur adoptive, Physis, attend le retour de son amoureux, Aétos, parti faire de la prospection dans la ceinture des astéroïdes. Il y a quinze ans, Physis a perdu ses parents et son jeune frère dans un accident spatial qui pourrait être un acte de piraterie camouflé, et c’est Sophos qui l’a recueillie.
Par après, Stéphane apprend que ces humains qui vivent dans l’espace et qui portent des noms grecs descendent des anciens Atlantes qui s’étaient réfugiés dans l’espace après une catastrophe. Korax vend alors ses jeunes captifs au docteur Kerdos à bord de la station Jouvence, où Stéphane et Aster rencontrent Mélanos, l’ancien partenaire d’Aétos, tandis que Sophos vient se faire rajeunir par le docteur Kerdos.
Pendant que Stéphane est sous l’effet de drogues soporifiques, Aster disparaît. Mélanos et Stéphane préviennent alors Korax des plans ourdis contre lui par son débiteur, le docteur Kerdos, et Korax les prend à bord de l’Arkès en partance, sans toutefois négliger de détruire la station de Jouvence dans son sillage.
Entre-temps, Sophos est revenu auprès de Physis, mais il porte désormais les traits d’Aétos, car le docteur Kerdos rajeunissait ses patients en transférant télépathiquement les esprits de personnes âgées dans les corps de personnes plus jeunes. Quand Kerdos, fuyant la destruction de la station de Jouvence, arrive chez Sophos, il est assassiné par ce dernier avant que celui-ci se suicide.
Arrivé sur ces entrefaites en compagnie des pirates, Stéphane est l’âme d’une mutinerie afin de retrouver Aster, dont le corps occupé par un nouvel esprit est parti pour Pallas. Grâce à l’aide des aventurières de l’Arkès et de Mélanos, l’Arkès est saboté, ce qui entraîne la mort de Korax et Strogule, tandis que Stéphane et ses compagnons filent vers Pallas. Ils y retrouvent Aster dont le corps est habité par l’esprit de la vieille Néone.
En se rendant sur Cérès pour la comparution de Stéphane au palais de justice, le vaisseau les transportant est intercepté par un étrange astronef piloté par les ordinateurs conscients de la station de Jouvence, qui sont en pleine évolution mentale. L’esprit d’Aster est resté dans leurs banques mémorielles et ils offrent à Stéphane de l’emmener avec eux dans les étoiles. Il resterait en hibernation jusqu’au jour où ces ordinateurs parviendraient à réincarner l’esprit d’Aster dans un corps humain. Stéphane hésite, mais Néone choisit d’accompagner les ordinateurs en renonçant au corps d’Aster.
Ainsi, Stéphane retrouve Aster dont il s’est épris. Sur Cérès, en fouillant la mémoire de Stéphane, les juges confirment qu’il est bien un Atlante et le fils de Physis. Cependant, Stéphane décide de retourner sur Terre d’abord afin de rassurer ses parents et ses amis avant de se choisir un avenir dans l’espace interplanétaire.
Commentaires
Ce livre incarne de façon exemplaire les contradictions de la science-fiction romanesque. Du point de vue de la science-fiction, Bernard Chapleau démontre qu’il maîtrise parfaitement les sujets de l’astronautique, et il y a même des allusions aux classiques du genre, comme ce bref passage sur Cérès où Stéphane vole à l’aide d’ailes artificielles, comme l’héroïne de Robert A. Heinlein dans la nouvelle « The Menace from Earth », ou le passage où Mélanos sabote l’ordinateur de l’Arkès, comme dans 2001. Mais du point de vue romanesque, Chapleau accumule de si nombreux incidents et met en scène une telle ribambelle de personnages que la profondeur humaine des protagonistes en souffre. D’ailleurs, parce qu’il doit condenser tellement d’informations sur un si grand nombre de personnages, Chapleau est obligé de glisser des allusions qui passent très mal dans les dialogues. Ainsi, à une question directe du capitaine Korax : « Hé ! Strogule ! Dans combien de temps serons-nous chez Sophos ? », le grossier Strogule répond à côté, presque comiquement : « Chez ce vieux fou, qui rêve d’immortalité ? Dans douze heures tout au plus. »
Comme en témoigne le résumé, ce livre à peine aussi long qu’une novella comporte suffisamment d’incidents et de personnages pour un roman deux fois plus étoffé. La succession de péripéties parfois gratuites est si précipitée que l’improbabilité de certaines coïncidences ne se remarque pas. Ainsi, Aster et Stéphane tombent tout de suite entre les mains de l’assassin des parents de Stéphane ; ces pirates qui ont laissé Stéphane sur Terre quinze ans plus tôt ne songent jamais qu’il pourrait être le Terrien qu’Aster était allé chercher… Dès leur arrivée à Pallas, Aster et Stéphane rencontrent une vieille patiente du docteur Kerdos, qui a échappé à la destruction de la station de Jouvence, n’a pas subi le traitement du docteur et connaît Néone. Et que dire des ordinateurs conscients de la station de Jouvence qui, non contents de transcender leur programmation, se soucient de retrouver Stéphane pour lui rendre Aster, dont l’esprit est le seul de tous les esprits transférés qu’ils ont sauvegardé ? Il y a donc de sérieuses invraisemblances dans la trame du roman.
Néanmoins, Chapleau a créé un univers science-fictif exceptionnellement cohérent par rapport aux créations habituelles de la SFQ pour jeunes. Les noms grecs n’ont pas été choisis au hasard, même pas celui de Stéphane, dont les aventures forment une boucle, couronnée par la reconnaissance de sa véritable identité, et le décor technoscientifique est non seulement solidement documenté, mais innove même par endroits. C’est en essayant de trop entasser d’incidents que Chapleau gâche ses meilleurs effets potentiels. Les substitutions d’esprit auraient pu être plus touchantes, plus présentes, par exemple.
En fin de compte, c’est tout de même un livre de science-fiction pour jeunes qui se détache de la moyenne. [JLT]
- Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 57-58.
Références
- Anonyme, Littérature québécoise pour la jeunesse 1993, p. 29.
- Frenette, Jean, Québec français 92, p. 107.
- Martel, Julie, Solaris 106, p. 64.
- Meynard, Yves, Lurelu, vol. 16, n˚ 2, p. 15.