Miroir au masque (Le)

Élisanne contemple son image vieillie dans le miroir. Elle se souvient de cet homme qu’elle avait rencontré, jadis, dans un bal masqué et dont les yeux bleus l’avaient marquée. Elle l’aimait mais celui-ci avait disparu avant même qu’elle n’ait le temps de lui en faire l’aveu. Elle ne l’avait pas oublié malgré le temps et les amants qui suivirent. Puis, au moment où Élisanne retient ses larmes, son visage se met à craquer et s’effondre alors que sous lui, apparaissent les traits d’un jeune homme aux yeux bleus et qui porte le nom de Serge-Jean.

Tirée du “Spécial Treize” de XYZ, cette nouvelle de Denys Gagnon me laisse bien perplexe. Il s’agit d’un récit qui oscille continuellement entre le passé et le présent, entre une rêverie languissante et une conscience dou­loureuse. C’est une histoire de double, bien sûr, mais un double plutôt gratuit. Un double qui a grandi dans la mémoire de la protagoniste et qui finit par usurper sa place au soleil sans que l’on sache exactement pourquoi.

De plus, le style d’écriture que préconise Gagnon me paraît un peu vieilli. Son vocabulaire impressionne, mais il l’administre à fortes doses et cela a pour effet de ralentir le récit, plutôt que de le nourrir. Quant à la syntaxe, elle exige parfois une seconde lecture. D’ailleurs, le texte entier exige une seconde et même une troisième lecture. Est-ce le signe d’une œuvre réussie… ? Et le chiffre 13 dans tout ça ? [CL]

• Source : L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 72-73.