À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Wondeur et ses amis ont réussi à recueillir plus de 50 000 signatures pour une pétition qu’ils comptent remettre au maire de la ville. Ils veulent forcer celui-ci à protéger les arbres qui restent dans la ville. Alors qu’ils sont sur le point de le rencontrer, ils apprennent une fort mauvaise nouvelle : la pétition a disparu. Une délégation de trois membres se rend tout de même voir le maire et tente de le convaincre. Peine perdue. Wondeur et ses amis décident alors de distribuer des tracts pour inciter les citoyens à participer à une manifestation pacifique.
Mais la veille du grand rassemblement, le camion-citerne qui parcourt la ville pour désinfecter les ordures vaporise un produit soporifique qui a pour effet de plonger tous les citoyens dans le sommeil. La vieille femme, amie de Wondeur, qui s’y connaît en plantes concocte alors un antidote afin de réveiller les citoyens. Pendant la nuit, le désinfecteur sillonne les rues, et la ville sort de sa torpeur. Les citadins marchent sur la mairie pour appuyer la revendication de Wondeur. Installés devant l’hôtel de ville, ils allument des feux de joie au cours de la soirée et brûlent leurs œillères. « Ce matin-là, les citadins se sentent libres. La peur les a quittés. »
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Commentaires
Le mot FIN ne suit pas ces deux dernières phrases de Mission audacieuse, quatrième épisode de la série Wondeur de Joceline Sanschagrin, mais il y a fort à parier que ce roman en constitue le dernier épisode. Même si le problème de la pollution reste entier – la ville continue à servir de dépotoir –, l’espoir de voir les choses changer est maintenant possible. La population a décidé de défier le règlement municipal qui obligeait les citadins à porter des œillères en les jetant au feu.
Mission audacieuse est un roman moins dense que le précédent qui était fertile en péripéties puisqu’il menait de front deux intrigues parallèles : la recherche du père par Wondeur et la lutte de son petit groupe pour la sauvegarde des arbres. Dans ce dernier roman, il ne reste que l’intrigue écologique à conclure. Il y a peu de rebondissements, à part le vol de la pétition. Celle-ci avait d’ailleurs été amorcée dans l’épisode précédent. Ce dénouement rempli d’espoir met en lumière le problème de la gestion des déchets qui constituait, jusqu’ici, le point aveugle du récit. En effet, la présence de ces ordures qui encombrent chaque matin les rues de la ville devenue un dépotoir à ciel ouvert illustre de façon métaphorique la problématique des déchets domestiques à laquelle la société de consommation doit trouver une solution.
Ce sont nos habitudes de consommation qui se trouvent ici remises en question d’une manière fort intelligente et subtile. Sans jamais faire la morale, Joceline Sanschagrin soulève une question complexe qui n’a pas fini de forcer les gouvernements et leurs commettants à faire des choix de société. C’est tout le syndrome du « Pas dans ma cour ! » qui se profile derrière cette fable écologique.
Avec l’antitabagisme, l’environnement constitue certainement l’un des sujets d’endoctrinement les plus répandus auxquels les enfants sont exposés à l’école. Joceline Sanschagrin, et c’est là sa grande force, réussit à aborder ce sujet délicat sans tomber dans le simplisme de la deep ecology et en évitant le recours à la démagogie. C’est peut-être justement parce que son roman n’est pas réaliste qu’elle parvient à éviter ce piège et à transmettre une vision nuancée du problème, lucide mais également non dénuée d’espoir.
C’est ce même registre allégorique qui m’incite à ne pas trop déplorer quelques invraisemblances du récit. Ainsi, comment le produit à base de plantes vaporisé par le camion désinfecteur peut-il atteindre les citadins endormis qui se sont réfugiés dans leurs maisons ? Comment Wondeur et ses amis peuvent-ils se procurer facilement du papier s’il n’y a pas d’arbres dans la ville et la région ? J’aurais aimé aussi que l’auteure nous en dise plus sur le pays où est située la ville. Peut-être les deux premiers romans de la série, que je n’ai pas lus, étaient-ils plus explicites ? Quoi qu’il en soit, la ville semble située au milieu de nulle part. Cette situation a pour conséquence de gommer l’un des aspects du problème de la pollution dont les solutions reposent autant sur une prise de conscience nationale et mondiale que locale. Or, en isolant la ville-dépotoir dans un environnement abstrait, l’auteure ignore cette réalité fondamentale.
Après avoir lu Le Karatéka et Mission audacieuse, j’ai fait un rêve. Fanny Lauzier faisait signer une pétition à des milliers d’habitants d’une ville envahie par des déchets domestiques de toutes sortes et Rock Demers, le père de la série Contes pour tous, voulait porter cette histoire à l’écran. Mais ce n’était qu’un rêve… qui deviendra peut-être réalité un jour, qui sait ? [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 146-148.
Références
- Adam-Vézina, Élodie, Nuit blanche 45, p. 12.
- Comeau, Liane, Des livres et des jeunes 39, p. 46.
- Guindon, Ginette, Lurelu, vol. 14, n˚ 2, p. 14.
- Le Brun, Claire, imagine… 57, p. 90-91.
- Lortie, Alain, Solaris 98, p. 62.