À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Sa grenouille Pivoine dans sa poche, Bali Verne, jeune écrivain de romans scientifiques, se rend chez les jumeaux Nut, grands scientifiques et descendants de scientifiques, qui préparent un voyage dans l’espace dans un appareil de leur invention. Attiré par la maison, Bali entre par effraction chez les Nut. Caché dans un placard, il découvre une ouverture qui donne accès à un autre étage. Dans une grande pièce encombrée d’appareils scientifiques, il voit des documents ultrasecrets qui décrivent le projet des frères Nut : se servir du vaisseau (le Zazou (((9999))) pour aller étudier les étoiles filantes. Un ascenseur le mène sur le toit et l’aire de décollage. Il se cache dans une boîte et devient de ce fait passager clandestin. Retrouvé presque immédiatement, on lui confie une tâche : tenir le journal de bord.
Le Zazou (((9999))) atterrit finalement sur un astéroïde. Envoyée à la surface pour tester l’atmosphère, la grenouille disparaît. Bali se lance à sa recherche. Dans une vallée, il découvre des artichauts qui, quand on les consomme, provoquent l’amour. Plus tard, en même temps que celle de Pivoine, il fait la découverte d’une autre expédition venue de la Terre, celle des sœurs Astro. Entre-temps, les frères Nut sont capturés par le comte Àrebours, sorte de pirate de l’espace. Devant la perspective de payer une rançon, les sœurs Astro imaginent de lui faire absorber des artichauts et de le rendre amoureux de la grenouille. La ruse réussit et, bientôt, les astronefs rentrent sur Terre, leur mission accomplie.
Commentaires
Depuis les années cinquante, âge atomique oblige, il existe une tradition science-fictionnelle de la littérature pour enfants que j’appelle, faute d’un meilleur terme, les « satellipopetteries ». Je n’ai personnellement aucune objection à ce qu’on utilise des éléments SF dans la littérature du merveilleux (pensons au Petit Prince de Saint-Exupéry), dans la mesure où l’auteur sait qu’il œuvre toujours dans le strict domaine du merveilleux. Ce que je comprends moins, c’est lorsque pour des raisons de réalisme (je suppose) ou de mode, on en vienne à se confectionner une science qui n’a rien de scientifique. Oh, je sais, la SF « bien » n’est pas à l’abri de telles absurdités (les exemples sont légion). Suffisamment, en tout cas, pour que bien des scientifiques lèvent le nez sur cette littérature.
On peut toujours arguer qu’il s’agit d’ignorance. Mais on reste parfois songeur quand on lit des passages comme celui-ci : « Par exemple, si deux étoiles filantes se déplacent dans l’espace, l’une plus rapidement que l’autre, la plus rapide aura moins d’oxygène disponible, à cause de sa vitesse. Cette diminution de la quantité d’oxygène pourrait provoquer, chez les habitants éventuels de cette étoile filante, des difformités et même des monstruosités. » D’autres passages sont de la même eau. Je me demande ce qu’en dirait l’ancêtre littéraire de Bali Verne. (À moins que l’auteure n’ait choisi ce nom pour bien se démarquer de ces ennuyeux scientifiques.)
C’est d’autant plus dommage que Mission Étoiles filantes n’est pas en soi un mauvais récit. On y trouve humour et aventure et bien des petites remarques pertinentes ou intrigantes. Pourquoi a-t-il fallu que l’auteure juge nécessaire d’y introduire de telles absurdités ? Parce que les enfants n’y verront que du feu ? Après tout, Hollywood le fait bien. On appelle cela, paraît-il, le merveilleux enfantin.
En passant, le roman est suivi d’un petit lexique et les illustrations de Gabriel Pelletier sont excellentes. [GS]
- Source : L'ASFFQ 1998, Alire, p. 137-138.
Références
- Drolet, Jean-Denis, Lurelu, vol. 22, n˚ 1, p. 39.