À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Annie et quatre autres enfants de Pointe-Claire jouent près du fleuve ; ils aperçoivent une « capsule » se déplaçant dans l’eau. Annie reçoit un message mental qui la met sur la piste d’un mystère centré sur le moulin local. Tandis qu’ils l’explorent, une « bulle » les transporte dans le passé, avec pour guide une fille ressemblant à Annie comme une jumelle. Elle sait bien des choses et leur fait assister au vol d’un colis appartenant au gouverneur Frontenac, à la fin du dix-septième siècle, puis à la mort accidentelle du voleur. Ramenés à leur époque et forts de ce qu’ils ont vu, les cinq jeunes trouvent, dans un souterrain du moulin, la bague de Frontenac et un fragment de lettre, butin qu’ils iront discrètement rendre aux Sulpiciens, à qui Frontenac avait confié ces objets.
Mais ils auront entre-temps fait une visite au « Monde 008 », une société future en guerre contre un ennemi non précisé, et auront appris que le diamant de la bague allait exploser en 1990, son destin étant lié à celui d’une nova, et qu’en l’apportant au Monde 008, ils ont sauvé leur propre planète d’une déflagration cataclysmique.
Autres parutions
Commentaires
Correctement écrit et mené à un bon rythme, le roman souffre d’une correction d’épreuves bâclée, laissant par exemple maintes répliques de dialogues sans tirets. Les personnages sont très conventionnels et n’échappent pas à certains clichés, dont celui du garçon jovial et glouton, celui de la fillette pleurnicharde. La thématique est traditionnelle, avec le grand-père conteur, le moulin et le foin, les bâtiments historiques. L’intrigue est vraiment très mince et les éléments SF y ont été littéralement plaqués – par une auteure qui, manifestement, n’entend pas grand-chose au genre.
Ce « Monde 008 », ses « capsules » et la jeune agente Anne-Claude ne paraissent jamais intégrés à l’intrigue : comme les divers véhicules quasi magiques de ce « monde », ils vont et viennent en coups de vent et n’ont guère plus de substance. Tout est arbitraire : pourquoi est-on venu du futur chercher cinq enfants afin d’accomplir une mission relativement simple, poussant même l’obligeance jusqu’à « régler le temps » pour que les jeunes ne rentrent pas trop tard chez eux le même soir ? Pourquoi la jeune émissaire de l’autre monde n’a-t-elle pas cueilli elle-même la pierre dans sa cachette ? Les quatre compagnes et compagnons d’Annie, à qui on n’a pourtant rien expliqué, se retrouvent sans sourciller au dix-septième siècle, comme au terme d’un simple trajet d’autobus. Ils se préoccupent d’un chat égaré et d’un chiot trouvé, mais ne manifestent pas la moindre curiosité pour cette « bulle temporelle » qui les emmène à travers les siècles et les mondes.
La visite éclair du « Monde 008 » est reléguée dans les vingt dernières pages – qui suffisent toutefois à l’auteure pour aligner plusieurs clichés de la SF en dessins animés télévisés et pour mélanger allègrement une salle de commande très Star Trek, un « diamant maléfique » et « perfide », « un fakir ténébreux », une « pierre-étoile », « un gaz explosif très rare : le stellium », « le monde sous-marin d’une galaxie lointaine », « l’apparition d’une nouvelle nébuleuse » et « un vaisseau express invisible ». L’auteure ignore les distinctions entre fantastique et SF. Elle ne maîtrise pas mieux le fantastique, du reste, elle qui prête des ailes au loup-garou évoqué par un personnage.
Cette confusion (comme la laideur de la couverture) est commune à d’autres romans publiés par cet éditeur dans sa collection jeunesse, dont l’inénarrable Sur la piste du dragon de Madeleine Gaudreault-Labrecque. Jean Pettigrew, au terme de son commentaire sur ce livre dans L’ASFFQ 1986, s’était exclamé : « De grâce, madame, plus de SF ! » Plus clément, je conclus : de grâce, madame, lisez de la SF ! [DS]
- Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 189-190.