À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Seule à la maison familiale, Monica entend une voix dans la nuit. Qui donc la connaît et l’appelle ainsi, qui donc lui susurre ces mots tendres et lui demande de venir le rejoindre, là, dehors, dans la sombre forêt ? Et cette voix, n’est-elle pas à l’intérieur d’elle ? Fléchissante, Monica va à la rencontre de l’inconnu, qui dit se nommer Erin qui a mille ans d’âge qui veut l’amener dans son royaume qui veut la combler qui a besoin d’elle qui ne pourra la rendre à son monde après, comme toutes les autres, confirmant la légende racontée par les parents de Monica…
Commentaires
La thématique est usuelle, celle de la jeune naïve tentée par l’inconnu, au sens large du terme, et qui paiera de sa vie la confiance accordée. Ici, la tentation vient d’une voix murmurante dans la nuit et dont les promesses enivrantes n’ont de contrepartie qu’une vague légende qui ne fait plus peur qu’aux enfants. Et comme Monica croit qu’elle n’est plus une enfant, la suite est inéluctable…
Des particularités du texte même, il y a peu à dire ; le style encore incertain de l’auteure, propice aux longueurs et aux imprécisions narratives, ne permet guère la mise en place d’ambiances pouvant captiver le lecteur. Par ailleurs, la difficulté à bien positionner le personnage mythique – qui fait figure de sirène pour la jeune fille – nuit beaucoup à l’intérêt de l’ensemble. Doit-on comprendre, devant cette indécision – et malgré les indications données par le personnage même alors que Monica voit sa silhouette pour la première fois –, qu’il s’agit d’un des avatars multiples du diable ? Ou de l’une des nombreuses figures empruntées par la mort, ou encore du dernier reflet magique de tout un imaginaire disparu sous l’assaut des vérités scientifiques ?
D’autre part, la découverte du corps de la jeune fille, morte de froid, selon le coroner, alors qu’elle « … s’était réfugiée dans le plus vieil arbre de la région », vient encore plus emberlificoter les interprétations du lecteur dans les dernières pages. Pourquoi imposer, en toute fin, cette explication particulièrement invraisemblable, tant du point de vue réaliste que fantastique ?
C’est grâce à la multiplicité des possibles que « Monica… » aurait pu se frayer un chemin vers le mémorable : la toile était tendue, le décor bien dessiné, ne restait plus qu’à y inscrire la vision, un peu comme l’a fait à son époque Arthur Machen avec ses évocations troubles du dieu Pan, ou encore ses descriptions divergentes et terrifiantes de son Petit Peuple. Hélas, et strictement pour des raisons d’inexpérience narrative, nous n’aurons droit ici qu’à une pâle vision de ce qui aurait dû attendre Monica…
Conclusion ? « Monica ou La légende du bois perdu » est un texte partiellement raté, mais qui a quand même un grand mérite, celui de dévoiler le bel imaginaire en devenir de son auteure, Isabelle Déchène Guay. [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1997, Alire, p. 73-74.