À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Melany Rowan se querelle avec son mari qui lui ordonne de descendre de son auto et l’abandonne sur le bord de la route. Elle marche jusqu’au village de Melrose et trouve refuge dans les ruines d’une ancienne abbaye cistercienne. Au milieu de la nuit, elle voit des moines qui s’activent silencieusement à reconstruire l’édifice. Après une brève visite de la chapelle dont elle se sent expulsée, Melany constate à l’aube que l’abbaye a retrouvé son état de ruines.
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Commentaires
« Monks of Melrose » est l’une de mes nouvelles préférées du recueil de Christiane Lahaie. Outre le fait qu’on y trouve un élément fantastique qui ne se délite pas au fil de la lecture et que l’atmosphère y est d’une solennité grave, il y a dans cette nouvelle un mélange de résignation et de rédemption qu’on ne trouve pas dans les autres textes.
Les moines reconstruisent l’abbaye la nuit mais leur labeur est toujours à recommencer, à l’image du mariage de Melany Rowan qu’elle tente de replâtrer en vain, les querelles du couple se répétant sans cesse. Les morts dans l’œuvre de Lahaie – et ils sont nombreux – sont condamnés à répéter inlassablement les mêmes actions. Ils n’ont pas de visage, ce sont des êtres anonymes qui ont perdu toute individualité – les moines, ici, comme les soldats de la lande dans « Men of the Moors ». Les vivants, eux, ont souvent droit à une seconde chance pour refaire leur vie.
La scène où Melany entre dans la chapelle et éprouve une sensation physique d’expulsion est une belle métaphore de sa seconde naissance. « Ses mains cherchaient à s’y agripper [aux murs de la chapelle], mais ne saisirent qu’une substance visqueuse dont l’odeur rappelait l’eau et le sang. » Elle tourne le dos à son passé et est prête à entreprendre une nouvelle existence. Une voiture rouge qui s’arrête à sa hauteur au lendemain de sa vision nocturne lui en offre l’occasion.
Une belle nouvelle, sensible et touchante, de la fine dentelle. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 109-110.