À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
La petite Rafaële Dorigny-Legendre – Raf pour les intimes – vit avec son chat Camille et sa mère Hélène depuis que papa Pierre est allé vivre sa vie ailleurs.
Par un beau jour d’été, elle se trouve subitement entraînée dans une curieuse affaire d’enlèvement.
L’enlevé s’appelle Mathieu Bernier. C’est le jeune copain de monsieur Frégault – un vieil illusionniste infirme dont le nom de scène est Monsieur Bizarre – qui habite non loin de chez Raf. Destiné à remplacer Frégault dans le rôle de Monsieur Bizarre, Mathieu est magicien lui aussi, apparemment. Mais, en réalité, ses prodigieux talents de prestidigitateur dissimulent un don inné pour la télékinésie.
Les enleveurs s’appellent Gilbert et Rolland Lagacé. Ce sont des menuisiers, mais des illusionnistes amateurs aussi, et surtout des escrocs. Impressionnés par Mathieu rencontré lors d’un spectacle, ils ont décidé d’utiliser ses talents pour quelques menus travaux de… cambriolage. L’avoir transformé en cocaïnomane ne suffisant pas à assurer ses services, ils décident de le kidnapper.
Témoin inopiné du crime, Raf est enlevée aussi. L’intervention abrupte de sa mère a comme résultat que les Lagacé se retrouvent avec quatre kidnappés sur les bras, le quatrième étant monsieur Frégault.
Commentaires
Non, il ne s’agit pas d’une comédie… bien que certains passages du dernier roman de Francine Pelletier sombrent parfois, et malgré celle-ci j’imagine, dans le burlesque.
En tant qu’auteure s’adressant à la jeunesse, F. Pelletier nous avait déjà donné trois bons romans de SF parus dans la collection Jeunesse-pop. J’avais souligné dans L’Année… qu’elle allait en s’améliorant. La descente était donc un peu inattendue.
Cette écrivaine n’est peut-être tout simplement pas à l’aise en dehors de la science-fiction, car Monsieur Bizarre n’est pas un roman de SF ou si peu. Il s’agirait plutôt d’un roman policier. Le seul aspect extraordinaire du récit, c’est le pouvoir de Mathieu. Les pouvoirs, devrais-je dire, puisqu’il semble aussi posséder des dons de télépathie ou d’empathie. Ce n’est pas clair.
Ce qui est clair cependant, c’est que cette histoire ennuyeuse, quoique correctement écrite, ne contient absolument rien d’original ni aucun élément un tant soit peu imaginatif. De plus, on devine à l’avance l’essentiel de ce qui va se passer. Et lorsque l’on a des surprises, c’est parce que jamais on aurait osé prévoir des incohérences pareilles.
La psychologie des personnages est approximative et, conséquemment, surprenante. Elle oscille entre celle des cartoons américains et celle des romans Harlequin. Le virage sentimental qu’effectue Hélène, à la fin, est tout bonnement stupéfiant. On se demande comment elle a pu tomber amoureuse de Mathieu. De même qu’on s’était demandé pourquoi, en pleine action, elle s’était préoccupée si peu de sa petite fille.
En bonne adolescente au père absent, Raphaële – qui prend plus d’initiatives que les personnages adultes, à la manière de Jo et Zette dans les BD d’Hergé – est révoltée contre les grands malgré son côté sauveur de l’humanité. Ses rechignements ne manquent pas de taper parfois sur les nerfs. Les frères Lagacé, brutes à la fois épaisses et naïves, m’ont rappelé le Brutus des dessins animés de Popeye ainsi que les interchangeables sbires des vilains dans Doc Savage. Quant à Mathieu, sa personnalité est trop vague pour qu’on puisse en parler.
À la dernière page, on lit que Raf « avait acquis quelque expertise dans la psychologie de ces étranges animaux que sont les adultes ». Si l’on se fiait à son roman, on ne pourrait malheureusement pas en dire autant de l’auteure.
Espérons que le prochain épisode sera mieux réussi, car la fin de Monsieur Bizarre annonce visiblement une suite…
Les défaillances de ce roman seraient-elles dues à la nonchalance ? Je pose la question. Quoi qu’il en soit, un tel produit final ne possède rien pour hausser la qualité d’une collection.
Les onze derniers titres publiés chez Jeunesse-pop relèvent de la science-fiction ou du fantastique. Dans neuf cas, les romans ont été écrits par des écrivains issus du milieu de la SFFQ. La présence de Daniel Sernine à la direction littéraire explique en majeure partie cette couleur que prend le catalogue jeunesse des Éditions Paulines.
Il me semble qu’un directeur littéraire ne doit pas se contenter de publier les textes des gens qu’il connaît. Ne lui faudrait-il pas aussi conseiller les auteurs qui ont besoin d’aide et même les obliger à refaire leurs classes quand c’est nécessaire ? [DC]
- Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 144-146.
Références
- Anonyme, Vie pédagogique 72, p. 29.
- Grégoire, Josée, Lurelu, vol. 13, n˚ 2, p. 12-13.
- Le Brun, Claire, imagine… 54, p. 112-113.
- Lewis, Philippe, Solaris 91, p. 47.