À propos de cette édition

Éditeur
Andromède
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Proxima spécial 2/3
Pagination
105-123
Lieu
Lille (France)
Année de parution
1986
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Jean-Christophe Olier vient d’être promu au poste de ministre. Demain, il sera assermenté à Québec. En route vers la capitale, il songe à ses ambitions et à sa carrière politique. Il est tiré de ses réflexions quand sa limousine est détournée par un barrage policier aux portes de Chibougamau. Y a-t-il eu un accident ? Soudain, son chauffeur est ébloui par une explosion et c’est la catastrophe. L’auto plonge dans une ravine au fond de laquelle Olier agonise en inventant à l’humanité un avenir utopique.

Commentaires

De prime abord, on se dit qu’on rêve. On a peine à croire en effet à la description de la société du XXIe siècle présentée dans la deuxième partie de la nouvelle comme une utopie. On connaît trop le pessimisme foncier de Daniel Sernine pour ne pas être incrédule. Quoi ? Aurait-il changé à ce point depuis Le Vieil Homme et l’espace ? Qu’on se rassure ! Il s’agit d’un fantasme lénifiant du personnage central dans les minutes qui suivent l’accident.

« Monsieur Olier devient ministre » semble avoir été fabriqué avec les retailles de deux autres nouvelles de Sernine. L’évocation par Olier d’une planète verdoyante et dépolluée ne manque pas de rappeler les rêves bucoliques du pilote Garfield dans « Loin des vertes prairies ». Par ailleurs, le bilan du futur ministre qui compare ses mérites à ceux d’un collègue aîné fait penser aux réflexions de Clara dans « Une journée dans la vie de Clara Niowiecki ».

La nouvelle de Sernine se lit au premier degré uniquement. Le caractère unidimensionnel du récit tient peut-être au fait que le texte emprunte à la politique-fiction. L’auteur n’est pas à l’aise dans ce genre. On croit reconnaître, à peine transposée, la crise qui a secoué le Parti Québécois quand les orthodoxes ont quitté le cabinet Lévesque à la fin de 1984. Le texte est d’ailleurs daté de décembre 1984.

L’écriture ne parvient pas à sauver les meubles. Elle est plutôt décevante chez un auteur reconnu pour le classicisme de sa prose et pour le lyrisme senti de ses descriptions.

Ce n’est pas parce qu’on devient ministre qu’on devient intéressant. Monsieur Olier aurait dû rester député : son anonymat nous aurait sans doute épargné ce testament spirituel profondément pessimiste. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 128.