À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Nemrod Hunter retourne sur les lieux du carnage. Il fait le guet dans la grange, dissimulé par un cercle de protection magique. La Bête finit par apparaître. Hunter la suit jusqu’à un laboratoire souterrain. C’est là qu’il apprend que Thomas Richard est victime de son imprudence. Il a voulu guérir sa fille malade par magie. Au lieu de créer un remède, il s’est transformé lui-même en « remède » : un loup-garou qui dévore les chairs malades. Par compassion, Hunter emprunte le yacht de Réjean Bouchard pour cacher Thomas sur une île. C’est là qu’il apprend toute la vérité. Bouchard n’a jamais abandonné l’occultisme. Il a détourné le rituel, pour devenir le maître d’un loup-garou. Voyant que les choses ont mal tourné, Bouchard a assassiné Solveill et son fils. Dans une confrontation finale, Thomas meurt et Bouchard est gravement blessé.
Commentaires
Le premier volet de ce court feuilleton, pastiche d’un article de journal, est paru dans L’Étoile du Lac, hebdo du Lac-Saint-Jean, tandis que les trois volets suivants ont été distribués sous forme de fascicules aux personnes présentes au Festival de fantastique et de science-fiction qui s’est tenu à Roberval du 26 au 28 juin 1998. Même si le texte est également signé par Éric Bourguignon et Thierry Vincent, je constate que le style de cette nouvelle et son héros Nemrod Hunter renvoient directement à un texte recensé dans L’ASFFQ 1997, « Sous les berges de la Rivière Noire », attribué à Jean-Paul Lacoste seul.
On retrouve dans Le Monstre du Rang 1 plusieurs des qualités de la nouvelle susnommée, la plus évidente étant le talent de conteur de Lacoste, sa compréhension des structures dramatiques et l’ambition de créer un héros « justicier » à coloration fantastique dans un contexte québécois. Le projet est sympathique et l’année dernière, je m’étais promis de surveiller ce Lacoste et cela, en dépit de ma sévérité envers l’écriture proprement dite. De ce point de vue, je ne sais si cela est dû à ses collaborateurs ou à une évolution normale chez tout auteur, mais Le Monstre du Rang 1 est certainement mieux écrit, en dépit de quelques clichés et de passages grandiloquents qui détonnent par rapport à l’ensemble.
Il reste à l’auteur à travailler le plus important, son imaginaire. Le lecteur familier avec ces créatures du fantastique canonique sent bien qu’elles ont été louées au magasin des accessoires, d’où la dilution de tout sentiment d’angoisse. C’est flagrant lorsqu’apparaît le nain d’une autre dimension, Arbogast. Non seulement sa présence est-elle inutile à l’intrigue, mais il me semble difficile d’employer pareil élément en 1998 sans distanciation ironique. Sa présence et le ton badin de sa conversation avec Hunter rendent triviale une histoire dramatique, et par contamination soulignent la nature artificielle de l’autre créature horrifique, le loup-garou.
Tout le monde n’est pas Tim Powers pour employer avec succès des éléments fantastiques trop disparates. L’auteur imprudent risque plutôt de verser dans un fantastique de bazar, où des vampires, des zombis et autres monstres de Frankenstein s’agitent en essayant de faire peur, comme dans ces films du cinéma mexicain où ces créatures affrontent Santo et ses camarades lutteurs masqués. [JC]
- Source : L'ASFFQ 1998, Alire, p. 40-41.