À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un lac gelé, à la surface traîtresse ; une nuit de lune pleine ; la légende d’un accident survenu l’hiver. Deux femmes s’aventurent à traverser. Et c’est le drame : la surface se fendille, les victimes s’enfoncent, lentement broyées par la glace qui semble douée d’une volonté sournoise et maléfique.
Commentaires
Ici, le fantastique est plutôt dans l’ambiance, et dans l’écriture. Écriture précieuse, telle une poésie, écriture de glace et de clarté lunaire, bruit cristallin du gel. Écriture lyrique, qui conclut le texte sur quelques fragments de phrases libres, sibyllines, quasi incantatoires. Écriture magique, et pourtant d’une rare violence : « … les mandibules se resserrent sur le pied comme un étau, entament la chair. Les os craquent, se brisent, gémissent, leur plainte enterrée par les hurlements de la jeune femme. » (p. 28). Ces mâchoires, ce sont celles de la glace, celles du lac gelé, présenté comme un monstre ou une hydre. Les cratères de sa surface et la soudaineté de ses mouvements restent inexpliqués.
« …la plus jeune vient de basculer, tête première, dans l’orifice d’une dépression, le crâne déchiqueté par les glaces en mouvement… » C’est une nouvelle d’horreur, et les cris des victimes déchirent l’oreille interne du lecteur. C’est une nouvelle mystérieuse, aussi, s’achevant sur les mots « se souvenir que le 25 janvier 1883… » comme si le texte faisait allusion à des événements réels, quelque fait divers macabre peut-être à l’origine d’une légende locale – mais on n’en saura rien, hormis l’allusion aux spectres des victimes qui reviendraient certaines nuits hivernales.
Le lecteur relit des paragraphes, des phrases terribles, comme un témoin peut-être aurait regardé la surface refermée du lac, espérant trouver quelque trace des victimes, quelque vestige du drame, tandis que l’écho des cris résonnerait encore un moment sous le ciel étoilé.
Fantastique. [DS]
- Source : L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 112.