Mort de Vincent l'Usurier (La)

Un homme du nom de Vincent l’Usurier fréquente régulièrement une li­brairie, où il a pris l’habitude d’y dérober des livres. Lors de sa dernière visite, il trouve par hasard un exemplaire des Nouvelles histoires extraordinaires d’Edgar Poe. Il s’en empare, mais se fait remarquer par le libraire. Après avoir tué ce dernier avec le fruit de son larcin, il retourne chez lui pour entamer sa lecture. Il y découvre une nouvelle inédite dont le titre l’emplit de terreur et il meurt d’une crise cardiaque au début de sa lecture de « La mort de Vincent l’Usurier ».

Bien que la nouvelle soit de facture assez classique – après tout, ce n’est pas le premier texte à présenter un élément fantastique directement lié au protagoniste –, elle demeure tout de même efficace. En fait, même si l’intrigue n’est pas originale, l’effet de surprise demeure présent, puisque Côté parvient à ménager ses effets jusqu’à la chute. L’écriture est vive et précise, et malgré la brièveté de la nouvelle, l’auteur parvient à camper efficacement les lieux, l’atmosphère et le personnage.

À ce sujet, Vincent l’Usurier constitue un archétype de la nouvelle d’horreur à la Edgar Poe. En fait, le conte lui-même constitue un véritable hommage à l’œuvre de Poe, avec un meurtre crapuleux commis par une sombre soirée. D’ailleurs, le châtiment infligé à Vincent l’Usurier n’est pas sans rappeler certains des meilleurs textes de Poe. La chute est efficace et inattendue, ce qui fait qu’on ne peut s’empêcher de sourire devant le destin de ce voleur de livres devenu meurtrier.

Un très court texte qui révèle une plume en pleine possession de ses moyens. Si Denis Côté est surtout connu pour ses romans pour enfants et adolescents, il convient de mentionner son talent pour le texte court, talent qu’il a brillamment démontré ici. [PAB]