Résumé/Sommaire
Il se passe des choses étranges dans le MicmacDo où travaillent Patrick et Anne-Marie. Nos tourtereaux remarquent par exemple que la chambre froide n’est jamais approvisionnée en viande, mais qu’elle est toujours pleine, et qu’elle dissimule l’entrée d’un tunnel menant on ne sait où. Le (rocambolesque) pot aux roses est rapidement découvert : une organisation criminelle disposant de moyens technologiques illimités se sert de la chaîne MicmacDo pour dominer le monde et finance son machiavélique projet en remplaçant la viande de bœuf par… de la viande de dinosaure importée tout droit de l’ère secondaire ! Et ce transfert de matière d’une époque vers une autre met en péril l’univers même.
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Commentaires
Dans ce cinquième livre, Nando Michaud continue de s’affirmer comme l’un des plus truculents auteurs québécois pour la jeunesse. On l’aura deviné, l’histoire, invraisemblable à souhait, tire ses prémisses, de façon aussi manifeste qu’assumée, du canonique Jurassic Park, de Michael Crichton, et du non moins célèbre Soylent Green, où des cadavres humains (des dinosaures chez Michaud) servent à la fabrication de nourriture, avec clin d’œil à Gaston Leroux, entre autres. À coups de « chronoporteur », Patrick, personnage récurrent des premiers romans jeunesse de Nando Michaud, et Anne-Marie se transposent 65 millions d’années avant notre ère, deviennent prisonniers à la fois d’un « inextricable labyrinthe spatio-temporel », de reptiles préhistoriques et de criminels tout-puissants dont bien sûr ils triompheront. Mais avant la victoire finale, le public adolescent se régalera des nombreux rebondissements et d’élucubrations diverses inspirées des travaux d’Einstein.
Il faut ajouter, aussi, que Nando Michaud a longuement frayé avec les mathématiques et l’informatique, et que son premier roman, publié en 1988 (Les Montres sont molles mais les temps sont durs, Pierre Tisseyre), en était justement un de science-fiction. À l’évidence, l’auteur réputé pour son ton irrévérencieux et sarcastique servi par des jeux de mots un brin vaseux pratique le genre, qu’il mâtine ici d’enquête policière, avec une aisance réjouissante. À l’écriture énergique, à l’intrigue divertissante se greffent en outre des éléments de critique sociale visant la malbouffe et les chaînes de restauration rapide : un sujet qui risque d’être actuel longtemps.
Le sens de la formule, le refus du propos formaté, la distanciation contribuent grandement au plaisir de lecture. Nando Michaud ne met pas de gants, n’est pas un peaufineur, ne se prend pas au sérieux et persuade qu’il considère les ados comme un lectorat intelligent tout à fait apte à comprendre fantaisie, ironie et second degré. Le voyage – et le retour – dans le temps est un thème usé de la SF parce qu’il est un rêve, un fantasme quasi ontologique, mais il est ici utilisé habilement comme prétexte narratif, et peut-être un peu réflexif. [FB]
- Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 137-138.
Références
- Clément, Michel-Ernest, Lurelu, vol. 19, n˚ 1, p. 26.
- Desroches, Gisèle, Le Devoir, 24/25-02-1996, p. D 5.
- Gagnon, Fabrice, Québec français 105, p. 16.
- Poulin, Andrée, Lurelu, vol. 26, n˚ 2, p. 59.