À propos de cette édition
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Avec ce recueil destiné aux 14 ans et plus, Jean-Pierre April tente de séduire un autre marché. Six des sept nouvelles qu’il propose dans ce format poche ont déjà été publiées en revue au Québec et en Europe et certaines le furent de plus en volume. Reprises donc, remaniées et même retitrée pour l’une d’elles, elles datent pour la plupart – dans leur version originale – d’avant 1980. La nouvelle éponyme est de 1984. Une novella inédite récente complète l’ensemble. La réécriture des pièces connues n’a rien fait perdre de l’humour caustique, de l’ironie burlesque ou du ton dramatique auxquels April avait habitué son premier public. L’écrivain plaira sans doute à ce nouveau lectorat par les humeurs acides de certains de ses personnages.
Le regard décapant de l’auteur aborde, on le sait, des thématiques sérieuses en dépit de l’esprit volontiers railleur que ses récits affichent habituellement. On y retrouve ici, situés dans un futur fictif relativement proche, expérimentation de drogues, pulsions suicidaires, rapports familiaux perturbés, cultes ou mythologies de compensation, tissu social attaqué, avenir fermé. Ces problématiques, dira-t-on, sont déjà celles des jeunes gens d’aujourd’hui ; sur ces plans, il n’y a somme toute que du dépaysement et l’identification peut se poursuivre aisément. La réalité virtualisée dans ces nouvelles autorise à en dégager des enseignements. Si les études de mœurs apriliennes débouchent dans plusieurs textes sur un constat pessimiste, il faut souhaiter aux adolescents et adolescentes une pondération et une maturité suffisantes pour en tirer des leçons positives, sinon du moins une connivence pour ce clin d’œil goguenard sur la vie à venir.
Par ailleurs, il est plutôt étonnant de voir le recueil d’April identifié sous l’étiquette « nouvelles fantastiques », surtout lorsque l’auteur est davantage connu comme producteur de science-fiction et que les nouvelles déjà parues en sont. La novella « Julie Joyal appelle les étoiles » – à la finale agréablement optimiste – tombe également sous le générique SF. L’erreur de classification ne peut que flouer ou désinformer la jeunesse à laquelle l’œuvre s’adresse. L’éditeur ignorait-il cette différence entre science-fiction et fantastique ? (Il ne serait pas le premier à perpétuer cette confusion !) Mais peut-être est-ce là, pour la maison, une façon de se concilier un public apparemment friand d’épouvante ? [GHC]
- Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 13-15.
Références
- Blanchard, Louise, Le Journal de Montréal, 04-11-1991, p. 38.
- Bonin, Pierre-Alexandre, Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec IX, p. 561-562.
- Lacroix, Pierre, Temps Tôt 16, p. 25-26.
- Laporte, Sonia, L'Union, 20-11-1991, p. 28.
- Le Brun, Claire, imagine… 58, p. 125-126.
- Marcotte, Andrée, Lurelu, vol. 14, n˚ 3, p. 24.
- Martel, Julie, Solaris 104, p. 59.
- Martin, Christian, Temps Tôt 15, p. 57.
- Pelletier, Francine, Samizdat 20, p. 20-22.
- Sarfati, Sonia, La Presse, 22-12-1991, p. C 6.