À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un temps viendra où les innombrables habitants du « pôle torride » déferleront vers le pôle du froid. L’immense migration piétinera son avant-garde, périra de faim et de fatigue, se noiera dans la banquise fondue. Les plus obstinés seront animés d’une foi profonde en l’existence d’un repos futur. Bientôt, les survivants atteindront un cénacle abritant une belle femme, un vieillard pieux et un enfant adorable, devant qui tous se prosterneront. Ils s’apercevront alors qu’eux seuls ont hérité de la Terre et l’enfant les invitera à en profiter.
Commentaires
Le ton de Paillé se veut lyrique, voire épique : vocabulaire recherché, figures de style, évocation d’une multitude en mouvement… Sa prose n’en est pas plus distinguée pour autant. L’abus de synonymes accouche de redites et les paradoxes du styliste sont le plus souvent dénués de sens. L’intention allégorique est moins clairement affichée, mais le titre vend la mèche, ainsi que la conclusion qui, aux fidèles et aux croyants arrivés jusqu’à la crèche, promet le monde en héritage.
L’allégorie excuse les incohérences de l’extrapolation futuriste et la jeunesse de l’auteur excuse la naïveté de la fable. Si le mérite du texte est mince, ce jumelage d’une projection dans un lointain avenir et d’un message religieux empreint d’un sérieux inébranlable nous révèle une société canadienne-française en pleine transition au temps de la Révolution tranquille, hésitant entre l’attrait de la modernité et la foi traditionnelle. [JLT]
- Source : La Décennie charnière (1960-1969), Alire, p. 148.