À propos de cette édition

Éditeur
Le Nouvelliste
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Le Nouvelliste, vol. XLVI, n˚ 42
Pagination
22
Lieu
Trois-Rivières
Date de parution
19 décembre 1966

Résumé/Sommaire

Les gens des villages alentour se demandent comment les habitants de Saint-Anselme, naguère fêtards et boute-en-train, ont-ils bien pu devenir de pareils rabat-joie. À ce qu’on raconte, un 24 décembre vers les 19 heures, il y a de cela de nombreuses années, les préparatifs de Noël allaient bon train, tout annonçait une fête plus joyeuse que jamais, lorsqu’un équipage de chevaux déchaînés, fouettés par un cocher que d’aucuns identifièrent au diable, traversa le village à la fine épouvante. Quelques minutes après l’événement, le sacristain s’aperçut que la cloche de l’église avait disparu. Depuis ce temps, c’est comme si le village avait perdu son âme. Et on ne fête plus jamais Noël.

Commentaires

Ce conte de François Ricard a remporté le premier prix de sa catégorie dans un concours de textes de Noël organisé par Le Nouvelliste, le quotidien de Trois-Rivières. Il faut reconnaître de l’audace au jury pour sa décision de primer ce conte bref d’une tonalité sombre. Sans que ce soit une règle absolue, le conte de Noël traditionnel raconte le plus souvent un événement extraordinaire, un miracle dans le but avoué de redonner espoir, de raviver la flamme, d’encourager à continuer, de propager l’esprit de la fête et de la célébration. Or François Ricard raconte plutôt l’histoire d’un non-miracle. Il expose ce qui est arrivé, comment le malheur a frappé une communauté et comment celle-ci s’est effondrée, faute de miracle pour la sauver.

Le récit s’écarte aussi du modèle par sa morale : l’auteur démontre qu’il ne sert à rien d’attendre les miracles fabriqués par des deus ex machina, il faut soi-même se les faire les miracles. C’est donc aux habitants de Saint-Anselme eux-mêmes à retrouver la flamme, la joie de vivre. La même morale, dans une perspective plus spirituelle et plus prosaïque à la fois : ne laissez pas vos démons emporter votre joie de vivre !

Au total, dans « Noël fatidique », il n’y a pas assez d’histoire, pas assez de narration pour qu’on sache si le jeune François Ricard est un bon conteur, mais il y a assez de texte pour se rendre compte qu’on a affaire à un apprenti doué qui joue de ses outils avec aisance. [RG]

  • Source : La Décennie charnière (1960-1969), Alire, p. 152-153.