À propos de cette édition

Éditeur
Pierre Tisseyre
Titre et numéro de la collection
Chacal - 11
Genre
Science-fiction
Longueur
Roman
Format
Livre
Pagination
187
Lieu
Saint-Laurent
Année de parution
2000
ISBN
9782890517707
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Nemo Higgs est membre d’une agence servant à protéger les intérêts de l’industrie alimentaire de synthèse. En 2044, le monopole de l’industrie alimentaire manipule l’humanité, particulièrement en se servant des déchets industriels comme approvisionnement en matières premières pour fabriquer la nourriture. En compagnie de Sonia, une collègue, Higgs se voit confier une mission : retourner dans le passé avec elle afin d’en rapporter des documents permettant de sortir l’industrie alimentaire du futur d’une possible impasse. L’impasse étant provoquée par la découverte de deux corps de femmes mortes dans des circonstances étranges. Découverte qui pourrait remettre en question tous les fondements de cette alimentation synthétique du futur et détruire l’industrie alimentaire de synthèse.

Cependant, Higgs est désabusé et son intérêt pour cette mission dans le passé est plutôt de retrouver ses origines qui lui sont inconnues. Il tombera amoureux d’une anarchiste et lorsqu’il découvrira qu’elle est sa mère, il va être stupéfait d’apprendre qu’il est donc son propre père. Quant à Sonia, elle va apprendre, trop tard, les vrais effets de la nourriture de synthèse sur le corps humain. Les cadavres des deux femmes retrouvées seront donc ceux de Sonia et de la mère de Higgs. Nemo, quant à lui, va simplement disparaître…

Commentaires

Le titre de ce roman destiné aux jeunes trahit inopportunément un des éléments de l’intrigue lorsqu’il est annoncé aux premières pages qu’il s’agit d’un voyage dans le temps. Et ce n’est pas la seule maladresse de ce roman car le lecteur saura assez rapidement comment va se terminer la « quête » du personnage principal. Nemo Higgs, cherchant son père qui a justement le même nom que lui (curieuse coïncidence…) orientera ses recherches vers sa mère puisque son père demeure introuvable. Comme celle-ci est tout aussi introuvable, il cherchera à entrer en contact avec ceux qui l’ont connue. Il trouvera alors étranges les sentiments qu’il ressent face à une « très proche amie » de sa mère… Cette femme, une anarchiste luttant contre l’industrie de synthèse naissante, en sait beaucoup trop et on découvre assez rapidement son identité. Nemo serait-il en train de tomber en amour avec sa mère ? Serait-il son propre père ? La déception frappe lorsqu’il est clair que l’intrigue est aussi simple que cela.

Quant à la seconde actrice du roman, Sonia, on décode assez rapidement à travers la narration qu’elle va finalement comprendre les méfaits de son employeur et qu’elle va tenter de se racheter en s’engageant dans la lutte contre cette industrie corrompue. Ce qu’elle fait jusqu’au point de payer de sa vie.

Le roman tente aussi de faire place à un peu de vulgarisation scientifique en abordant des théories sur le temps et sur la mécanique quantique. L’auteur aurait dû solliciter l’avis de certains scientifiques car il donne des explications incomplètes de principes physiques qui n’ont ni queue ni tête et qui vont même jusqu’à se contredire dans le roman. Il est regrettable que des jeunes soient si mal renseignés sur ces sujets à la suite de la lecture de ce livre.

Non-retour se veut aussi une remuante tentative de sensibiliser les lecteurs à la « cause » sociale défendue tout au long du récit, à savoir la dénonciation de la puissance des multinationales et de la globalisation des marchés. Le simplisme de l’analyse des événements, des contextes et des faits rend le « message » tout à fait inopérant. Au lieu de susciter la réflexion et de nourrir la discussion, il produit l’effet contraire et dessert ladite cause en la ridiculisant un peu.

On peut regretter qu’un auteur qui prétend pouvoir reprendre des thèmes que l’on retrouve par exemple dans Un bonheur insoutenable ou 1984 gâche autant la sauce. Certes, il s’agit ici d’un roman destiné aux adolescents, donc par définition léger et peu profond, mais la légèreté devient rapidement insoutenable et atteint un point de… non-retour. [ES]

  • Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 38-39.

Références

  • Desroches, Gisèle, Le Devoir, 07/08-10-2000, p. D 7.
  • Spehner, Laurine, Lurelu, vol. 23, n˚ 3, p. 25.