À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
À la suggestion d’un diplomate hispanophone, Dan Rixes accepte la mission de combattre le prêtre vaudou Coïlé, éminence grise très influente auprès du dictateur Duvalier. Cet affrontement se fera sur le terrain de la magie et de l’illusion, pour profiter de la mentalité superstitieuse des Haïtiens. Ayant échappé à une voiture qui allait l’écraser, Rixes est capturé et confronté à un serpent, qu’il vaincra mentalement. Après maintes allées et venues, une seconde confrontation est mise en scène, entre Rixes et le hougan Coïlé. Puis, en vertu d’un stratagème préétabli, un leader politique haïtien du nom de Carayon prend la place de Rixes, à qui il ressemble, et récolte les fruits de sa victoire sur le hougan du dictateur.
Commentaires
L’action met du temps à démarrer, ralentie qu’elle est par le souci qu’a l’auteur de montrer qu’il a lui-même séjourné à Haïti et a consciencieusement pris des notes sur les principaux sites de Port-au-Prince, les bourgades de l’île et les espèces végétales. Apparemment il y a vu des cobras (pourtant indigènes d’Asie du Sud), en tout cas il en lance un contre son héros. Le roman atteint la demie et il n’y a eu que trois scènes intenses, perdues dans une narration à intérêt socio-touristico-humain, non exempte de stéréotypes déplorables. La seconde moitié est un peu mieux remplie, côté péripéties.
Quant à la vision du monde que semble entretenir l’auteur, usons d’un euphémisme et appelons-la naïve : « [Rixes avait envie de lutter] contre la stupidité humaine qui conduisait les hommes à s’entretuer… alors que le potentiel mondial était largement suffisant pour que tous vivent en paix. Il suffirait de si peu pour que la famine disparaisse et que la tranquillité règne partout. » (p. 73) «Si tu veux vraiment les choses, tu peux les obtenir. » (p. 121) Un petit cristal, avec ça ?
Malgré ses apparences anodines, La Nuit des Hougans contient une inquiétante dose de violence : le jeune lecteur aura droit à une vingtaine de morts, sinon une trentaine.
Livre instructif que voilà : les jeunes y apprendront quelques marques de voitures exotiques, feront connaissance avec les tontons macoutes et découvriront le salaire annuel moyen des Haïtiens, mais ils apprendront en plus que les crapauds et les serpents ont une grande puissance psychique et hypnotique. Ils verront aussi que les Haïtiens sont niaiseux, puisqu’il leur faut assister à des tours de passe-passe pour se décider à lutter contre la dictature duvaliériste, et puisqu’ils ne devinent pas que Dan Rixes est un Blanc coloré en Noir, malgré ses yeux bleus, ses traits caucasiens, ses cheveux châtains et lisses (du moins s’il faut se fier à l’illustrateur – lequel ne semble pas avoir lu bien attentivement le roman, à vrai dire).
Une direction littéraire plus rigoureuse aurait rattrapé un certain nombre de défauts (erreurs de ponctuation, phrases malhabiles, conjugaisons bancales, dialogues dignes d’un théâtre amateur de niveau scolaire). À vrai dire, une direction plus rigoureuse n’aurait pas laissé paraître ce roman dans sa version actuelle… [DS]
- Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 124-125.
Références
- Anonyme, Vie pédagogique 72, p. 32.
- Comeau, Liane, Des livres et des jeunes 38, p. 42.
- Trudel, Marc-Alexandre, Lurelu, vol. 14, n˚ 3, p. 20.