À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Ozzie, la soeur de Maxime, joue dans un orchestre heavy metal. À l’école, elle participe à un festival où l’on a invité un groupe de musiciens professionnels, Pterodactylus, avec son guitariste vedette, Red Lerouge. Le festival est un succès monstre.
Après le spectacle, il y a une réception. Comme Maxime est venu avec Ozzie, il y assiste aussi. Tout à coup, la radio annonce que la tempête a rendu les routes impraticables. Sur les conseils d’Etcétéra, l’animateur culturel, les gens décident de passer la nuit à l’école. Mais elle sera remplie d’événements inquiétants : un vitrail représentant la croix est cassé, la réserve de sang animal du local de biologie est dévalisée, même la salade à l’ail disparaît mystérieusement !
Seul Maxime fait le lien entre la croix, l’ail et le sang : il y a un vampire en liberté dans l’école ! Et qui cela peut-il bien être, sinon l’inquiétant Red Lerouge, avec son teint blafard, sa voix sépulcrale et sa sensibilité maladive à la lumière ? Malgré leur terreur, Maxime et Ozzie affrontent Red. Ce dernier avoue : oui, il est bel et bien un vampire. Mais depuis un siècle, il s’est converti et ne boit plus de sang. Ce n’est pas lui qui a brisé le vitrail ni volé le sang. Mais alors, qui était l’auteur de tous ces méfaits ? C’est encore Maxime qui découvrira le coupable : Etcétéra, qui dans sa haine du heavy metal, avait monté toute cette mise en scène pour les effrayer et les dégoûter à jamais de tous ces monstres, démons et vampires dont raffolent les amateurs de musique heavy metal.
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Commentaires
Je n’ai pas lu les deux autres romans de la série des Maxime, Le Prisonnier du zoo et le Voyage dans le temps, aussi c’est avec un esprit aussi vierge de préjugés que possible que j’ai abordé la lecture de ce petit roman (plutôt une nouvelle, en fait, avec juste un peu plus de 60 000 signes).
Ce qui est immédiatement évident, c’est qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lu les deux aventures précédentes pour apprécier La Nuit du vampire. L’histoire est rondement menée, c’est bien écrit, les personnages sont rapidement mis en place, les dialogues sonnent juste. La narration en « je », centrée sur Maxime, est truffée d’expressions heureuses, mais le tout sur un ton toujours juste et plein de naturel : jamais n’a-t-on l’impression d’avoir affaire à un petit singe savant.
La thématique du vampire est exploitée dans une perspective de suspense, plutôt qu’horrifique. En ce sens, je suis un peu déçu, à tort sans doute : ce n’était pas le propos de l’auteur. Côté est ici fidèle à lui-même, ses histoires ne sont jamais innocentes. L’image de Red Lerouge, qui a déjà été vampire mais a réussi « à s’en sortir », nous renvoie au phénomène de l’alcoolisme et de la drogue, phénomène trop présent chez les jeunes. Red Lerouge ne dit-il pas « Vampire un jour, vampire toujours », écho du célèbre « Alcoolique un jour, alcoolique toujours » ?
Toujours avec discrétion, Côté prône également le respect de la différence. Maxime et Ozzie passeront de la crainte de l’autre à la tolérance, voire à l’amitié.
J’ai plus de réserves sur le personnage d’Etcétéra. Il est sans doute de bonne guerre, dans un roman pour jeunes, de ridiculiser un représentant de l’autorité. De fait, Etcétéra nous rappelle que le heavy metal a souvent été dénoncé par certains mouvements dits « de droite », mouvements qui n’ont souvent pas hésité à postuler, pour des raisons morales et esthétiques, un lien entre la musique heavy metal et la « folie » de nos jeunes, la violence, le suicide, la drogue, etc… Combien de fois n’avons-nous pas lu ou entendu, lors du suicide d’un adolescent, que celui-ci écoutait de la musique heavy metal ? Face à ces cris d’outrage sensationnalistes, il est bon de rappeler que ce genre de musique est très populaire auprès des jeunes et qu’il est trop facile d’y voir une relation directe, à la place d’explications moins immédiates, difficiles à avouer, plus souvent reliées à la famille qu’à la musique.
Cela dit, j’ai eu de la difficulté à croire qu’Etcétéra irait jusqu’à briser le vitrail et détruire les réserves de sang de sa propre école, seulement pour faire une frousse aux jeunes ; sa confession finale est également le seul moment où le dialogue est moins juste, un peu trop « arrangé avec le gars des vues ». Mais cette réserve reste mineure et je ne doute pas que les fans de Denis Côté (et les autres !) passeront un bon moment avec La Nuit du vampire. Peut-être même auront-ils peur… [JC]
- Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 57-58.
Références
- Anonyme, Vie pédagogique 72, p. 26.
- Boisvert, Rachel, Lurelu, vol. 13, n˚ 2, p. 12.
- Côté, Jean-Denis, Québec français 78, p. 104 et 106.
- Le Brun, Claire, imagine… 51, p. 117.
- Lortie, Alain, Solaris 91, p. 48.