À propos de cette édition

Éditeur
Ozone
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Ozone 4
Pagination
55-58
Lieu
Paris
Année de parution
1996
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Sur la planète Apodis, bien loin de la Terre, flottent des montgolfières. C’est ainsi que les humains, qui ont découvert cet endroit, nomment ces indigènes volants à cause de leur apparence similaire au gros ballon qui servait de moyen de transport autrefois sur Terre. Cruz est hanté par la culpabilité d’en avoir tué une. Il ne s’agit toutefois pas de méchanceté, mais plutôt de curiosité : comment fonctionnent-elles, ces créatures si différentes de l’être humain ? Comment communiquent-elles entre elles ?

À force d’expérimentations et de recherches, Cruz découvre que ces êtres sont connectés les uns aux autres, un peu à la manière des insectes. Mais il outrepasse les limites lorsqu’il réussit à communiquer avec elles et donc, à révéler leur présence, à lui et ses collègues chercheurs. Ce qui provoque la colère de la mère-montgolfière et de ses nombreux enfants qui attaquent le campement des humains.

Commentaires

En peu de mots, et depuis longtemps, Jean-Louis Trudel sait créer de nouveaux mondes, des espèces inusitées et des concepts originaux. Cet auteur incontournable et parmi les plus prolifiques en SFFQ connaît sa science-fiction et ça paraît dans chacune des histoires que j’ai lues de sa plume talentueuse et aux descriptions précises. Dans le cas de « L’Obsession », il réussit à recréer dans l’esprit du lecteur, en une lente progression, cette obsession que voue Cruz à ces créatures qui lui sont étrangères. Au début, on les trouve intrigantes, puis, au fil des mots, de plus en plus intéressantes et on partage finalement son obsession : que sont-elles et, surtout, comment réagiront-elles à la rencontre d’un être humain ?

Trudel met en scène ici une des plus grandes peurs de l’humanité : celle de l’autre, cet autre qui se révèle à la fois si différent mais si familier à nos yeux. De façon consciente, j’en suis certain, l’auteur glisse entre les lignes une critique sociale efficace : cette tentation de vouloir réduire cet autre (animal ou être humain jugé inférieur) à un objet d’étude, un vulgaire cobaye qu’on peut disséquer à volonté, au nom de la science.

Dans un autre ordre d’idées, on voit et on sent bien les lieux dépeints par la plume de Trudel : ces marais gluants et ces plaines sur lesquelles souffle sans relâche ce vent qui porte les montgolfières et avec lequel elles pensent communiquer, lorsque Cruz se sert d’un ordinateur sophistiqué pour ce faire, avant de comprendre qu’il s’agit d’êtres humains. Malgré que cette nouvelle se déroule dans le futur, la technologie en place ne semble pas inaccessible à notre imaginaire contemporain, contrairement à nombre de récits de science-fiction qui inventent des machines à la limite de l’impossible ou du loufoque. Comme je le mentionnais plus tôt, Jean-Louis Trudel connaît le genre comme le fond de sa poche et, de son autre poche, il tire des histoires futuristes pour le plus grand plaisir de ses lecteurs. [JR]

  • Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 194-195.