À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Mahani vit sur la planète d’Al-Jahiloun. Elle poursuit ses études à l’université où les femmes sont rares, dans une société où les communications virtuelles sont choses courantes, via divers implants. Alors qu’elle est en contact avec son professeur, Sélim, elle assiste à l’irruption d’un inconnu dans le bureau de celui-ci – en même temps qu’elle voit l’homme sur la colline devant elle. L’essentiel de l’incident se déroule dans l’informonde. Tandis que Mahani se précipite, et en double vision, elle assiste à la transformation de l’agresseur en chien féroce. Est-ce un info-pirate ? Entre-temps, dans le monde réel, Mahani a rejoint l’inconnu sur la colline et lui a arraché la petite sphère qu’il tient dans une main. Il s’agit d’un « œil-de-Dieu », un relais universel de communication ultra-puissant.
Dans le bureau de Sélim, la contre-attaque de l’inconnu est en train de l’emporter sur les défenses informatiques. Mahani, en désespoir de cause, se branche sur l’œil-de-Dieu via son greffon cortical. Elle se retrouve à nager en plein espace, sous forme de satellite. Elle pense pouvoir contre-attaquer mais le chien apparaît aussi dans l’espace, et cette fois il a trois têtes – tout en étant apparemment aussi puissant. Elle parvient cependant à s’en libérer, en effectuant des va-et-vient entre le Réseau de l’université, l’œil-de-Dieu et le monde réel. Alors qu’elle essaie de comprendre ce qui s’est passé, la lumière du soleil devient brutalement plus intense et elle est emportée elle ne sait où. À suivre.
Commentaires
Le cyberpunk est censé s’être éteint dès 1992, mais le temps que les vagues de ce petit tsunami se répandent dans toutes les sciences-fictions mondiales, en d’autres langues que l’anglais, lui a donné une période de semi-vie beaucoup plus longue. Nous y sommes, ici, en ce qui concerne les francophones et plus spécifiquement les Québécois. Jean-Louis Trudel est un des rares auteurs de science-fiction québécoise, et il n’est pas étonnant qu’il soit fasciné par toutes les possibilités du rapprochement entre humain et machine(s).
Par ailleurs, le monde du virtuel offre des possibilités nouvelles d’intrigue et de narration qui n’ont pas fini de faire des petits. L’écriture en est cependant difficile à manier, si l’on désire ne pas perdre le lecteur. La tâche de l’auteur n’était pas facilitée, ici, par le fait que ce texte fait partie d’un roman collectif mis en place par le fanzine Temps Tôt et son éditeur Christian Martin. Il s’agissait pour lui de présenter l’un des deux personnages principaux, en prologue (il y a deux prologues, l’autre par le complice habituel de Trudel, Yves Meynard, avec lequel il produit, sous le nom de Laurent McAllister, et depuis 1989, des textes fortement teintés justement de cyberpunk).
C’est ce qui explique et justifie évidemment les énigmes du texte et sa fin à suspense, avec la phrase prophétique entendue intérieurement par Mahani au dernier moment – C’est bien elle qu’il nous faut – évoquant le « Voici la race qui régnera sur le sévagram » de Van Vogt (Les Armuriers d’Isher). Le texte se rattache ainsi – délibérément ou non – au renouveau du space opera en cours dans les années quatre-vingt-dix et où Jean-Louis Trudel (et son complice) vont s’illustrer avec éclat. [ÉV]
- Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 199-200.