À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Romain et Sylvain, âgés respectivement de neuf et cinq ans, assistent en catimini au visionnement par leurs parents du film The Birds (1963) d’Alfred Hitchcock. Le film leur fait une forte impression, car toute la famille s’intéresse aux oiseaux. Du coup, Sylvain devient sensible à l’hostilité qui se dégage d’un toucan en bois suspendu dans la chambre de ses parents, surtout lorsqu’il commet des bêtises. Romain se moque volontiers des craintes de son petit frère, jusqu’au jour où lui aussi suscite la réprobation de l’aigle de cristal dans sa chambre.
Dans toute la maison, les images ou sculptures d’oiseaux s’animent pour tourmenter les deux enfants lorsqu’ils ne sont pas sages, sans jamais que leurs parents soient témoins de ces incidents surnaturels. À la fin, excédé par ce harcèlement fantastique, Romain décide de bouter le feu au toucan en bois. Le désastre qui s’ensuit met fin au règne des oiseaux… mais l’œil du terrible toucan est-il à jamais fermé ?
Commentaires
Laurent Chabin démontre plus de facilité pour le fantastique que pour la science-fiction, genre qu’il avait effleuré dans Le Peuple fantôme (1996) et Chasseurs de rêves (1997). Et il démontre aussi pourquoi le fantastique est d’un abord plus facile que la science-fiction : les menues aventures des deux jeunes héros sont immanquablement couronnées d’une manifestation fantastique, ce qui dispense l’auteur de chercher à les rendre aussi savoureuses que celles, par exemple, du Petit Nicolas de Goscinny et Sempé. Dans ce court roman pour jeunes du primaire, Chabin applique d’ailleurs la même recette à chaque fois, en ne la variant que légèrement.
Néanmoins, l’accumulation des incidents fantastiques et le doute que l’auteur laisse d’abord planer sur la réalité des manifestations opèrent comme prévu. Le lecteur peu exigeant se laissera prendre au crescendo de la narration, jusqu’à la catastrophe finale.
Dans un texte aussi court, les ingrédients du fantastique canonique apparaissent d’ailleurs à l’état presque pur : incidents fantastiques et nécessairement terrifiants, isolement des personnages incapables de solliciter l’aide ou la compréhension d’autrui, basculement dans l’horreur. Cependant, il faut dire que les parents de Romain et Sylvain démontrent, face à l’incendie de leur maison, une absence de curiosité plutôt sidérante, et un peu trop commode pour l’auteur…
Curieusement, on a presque l’impression dans ce livre que Chabin renoue avec la tradition la plus moralisatrice de la littérature jeunesse au Québec, puisque les oiseaux ne s’animent que pour punir les enfants de leurs méfaits. Par ailleurs, l’auteur commence par suggérer que c’est la conscience coupable de Sylvain qui l’amène à imaginer la réprobation du toucan. Bref, le doute fantastique repose ici sur une projection psychologique plutôt habile. Si la conclusion de ce roman est un peu rapide, l’histoire saura sans doute satisfaire le jeune public ciblé par l’éditeur. [JLT]
- Source : L'ASFFQ 1998, Alire, p. 55-56.
Références
- Bourget, Édith, Lurelu, vol. 21, n˚ 2, p. 21.