À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Sur la plage du Surat, en Inde, un archéologue à la retraite recherche la « sœur siamoise » d’une pierre déjà trouvée par lui plusieurs années auparavant. Lorsque la mer se retire, il est attiré par la lumière qui jaillit de « l’escale de l’étoile », un récif qu’on peut atteindre à marée basse. Il y découvrira le morceau de cristal tant désiré.
Commentaires
Qu’il est agréable de lire un aussi beau texte, surtout lorsqu’il est écrit par une auteure qu’on ne connaissait pas ! « L’Œuvre au rouge » est, en effet, la première nouvelle d’Alice Yorre à s’inscrire dans les domaines couverts par L’Année, peut-être même sa première nouvelle tout court.
Son écriture est sans bavures. Plus que compétente, elle possède déjà un style affirmé : calme et doux, sûr de ses capacités, générateur de fascination. Malgré l’injustice que peuvent susciter les comparaisons, je me risquerais à ajouter qu’il me rappelle celui d’Esther Rochon.
La ressemblance ne s’arrête d’ailleurs pas au style. La nouvelle d’Alice Yorre a la même substance, disons, "spiritualiste" ou "ésotérique" que la plupart des textes écrits par l’auteure de Coquillage. On y trouve le même intérêt philosophique pour ce que j’appellerais les Vérités invisibles, la même croyance ou le même désir d’un équilibre de l’Univers.
Ici, ces préoccupations passent par l’utilisation du règne minéral. Le mystère de la pierre constitue un thème fréquent de la littérature fantastique, tout comme il était au centre des recherches menées par les alchimistes. Ne sait-on pas aujourd’hui que les cristaux sont nos compagnons dans cet incommensurable processus qu’est l’organisation de la matière ? De là à ce que le personnage d’Alice Yorre entrevoie « l’immanence du monde » en joignant les deux pierres-sœurs, il n’y avait qu’un pas – que l’auteure a accepté de franchir pour son plaisir et le nôtre. [DC]
- Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 219-220.