À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Tout commence par Albert Lanoie, citoyen de Thurso, qui semble être mort de peur. Peu après, à Saint-André-Avellin, puis à Notre-Dame-de-la-Paix, deux autres personnes montrent les mêmes symptômes post-mortem. Puis à Montpellier, autre petit village de la vallée de la Petite Nation, dans l’Outaouais, se joue le second mouvement : toute la population du village cède à une panique inexplicable. Les secouristes, dont le caporal Arthur Lafleur, le médecin lan Smith et l’infirmière Suzanne Ferland, restent impuissants : la peur attaque tous ceux qui s’approchent. Après sa disparition, on découvrira une zone sinistrée, où des cadavres ont pris l’apparence d’une gélatine noire. On apprend alors qu’un astronef extraterrestre a revendiqué le territoire de la Petite Nation. Apeurée, la population fuit. Les trois héros suivent l’exode mais le médecin meurt dans un capotage. Arthur et Suzanne se réfugient dans une maison et y passent la nuit. Au matin, ils aperçoivent un gigantesque pilier : l’astronef s’est posé au-dessus d’eux. Ils rencontrent deux extraterrestres qui les invitent et, subjugués par la très grande bonté émanant de ces êtres, ils les suivent. Ces gens transpirent littéralement l’amour et ils expliquent le pourquoi de leurs actions. Après avoir visité l’astronef, Arthur et Suzanne, qui ont découvert leur amour réciproque dans toute cette histoire, retrouvent vivant le docteur Smith et tous les gens de Montpellier, ressuscités par les humanoïdes. Tous trois redescendent afin de convaincre les gens des nobles sentiments qui guident ces êtres venus d’ailleurs.
Commentaires
Dans Les Oiseaux chantent à l’aurore, Claude Chénier veut nous décrire l’arrivée d’une nation pacifique de l’espace, d’un peuple qui s’est élevé au-dessus des guerres et de la haine et qui a atteint la maturité. Pour ce faire, il développe une rencontre du troisième type bien particulière. Ses extraterrestres, qui sont de grands humanoïdes émettant de la lumière, possèdent la maîtrise de leur énergie psychique et adorent le même Dieu d’amour que les hommes. Souvent, à la fin, l’auteur nous proposera des citations bibliques mais pas une fois il ne sera fait mention des autres grandes religions qui regroupent plus de la moitié de la population terrestre. Étrange oubli.
Télépathes, ils apportent le salut aux humains et, s’ils ont causé quelques méfaits à leur arrivée, c’est à cause des gouvernants des grandes nations qui n’ont pas su laisser de côté leurs arsenaux de mort. Quelques pages avant la fin, l’auteur fera le résumé de l’avenir radieux qui s’offre à l’humanité…
Premier roman, à ma connaissance, de Claude Chénier, Les Oiseaux chantent à l’aurore dénote une multitude d’erreurs dues certainement à l’inexpérience de l’écrivain. Le thème n’est pas des plus original, mais Chénier réussit à apporter un intérêt certain à l’intrigue par la façon pour le moins inusitée qu’ont les extraterrestres de montrer la supériorité de leurs armes.
C’est pourquoi la première moitié du roman peut ne pas trop ennuyer, malgré l’écriture banale au possible de l’auteur. Cette peur qui vient on ne sait d’où, ce village au centre d’un cercle infernal et ces cadavres déshumanisés, le suspense insufflé jusqu’à fort avant dans l’œuvre auraient donné des résultats beaucoup plus probants si le support des mots, des phrases et des dialogues avait été à la hauteur.
Mais ce n’est pas le cas. Rarement j’ai vu des échanges si plats, des personnages si bidimensionnels. Tout ce qu’ils disent, ou à peu près, n’est que banalité, évidences, mots superflus. Souvent, des discours de plus d’une page ne font pas avancer l’intrigue d’un pas et ne concourent en rien à cerner la psychologie des personnages en question. Du vide. Le reste du texte est du même acabit. Les phrases sont continuellement parsemées d’adverbes inutiles, d’adjectifs superfétatoires et d’enchaînements redondants.
Tous ces problèmes d’écriture, malheureusement, sont inhérents aux écrivains en herbe. Trop souvent, dans l’inexpérience, ils ajoutent afin de mieux convaincre, de mieux faire passer le message. Cette surabondance de précisions produit l’effet contraire.
Claude Chénier est un écrivain qui a encore bien du chemin à parcourir. Tout, dans son écriture, suggère la persévérance, mais aussi l’incertitude. La fin du roman, où le lecteur apprend – contre toute logique – qu’Arthur Lafleur a rêvé prémonitoirement toute l’histoire, prouve la crainte qu’a l’auteur de ses opinions et de ses choix littéraires. À lui, dans ses prochaines œuvres, de montrer qu’il a choisi sa voie et qu’il veut s’améliorer. [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1985, Le Passeur, p. 221-222.


