À propos de cette édition

Éditeur
Les Publications Ianus
Genre
Science-fiction
Longueur
Collectif
Format
Livre
Pagination
57
Lieu
Montréal
Année de parution
1993
ISBN
2921573024
Support
Papier
Illustration

Résumé/Sommaire

[4 SF]
Rêver le monde, de Philippe Gauthier
Fox Hunt, de Julie Martel
Jardin interdit, d'Annie Angers
Le Contact, de Richard Cadot

Commentaires

Dans sa préface, Yves Meynard cherche à définir une nouvelle mission pour le collectif Orbite d’approche et propose une anthologie périodique de textes d’auteurs moins connus, mais non moins valables. Il suggère même d’y publier deux fois par année les auteurs de la relève en offrant un tremplin de publication plus costaud qu’un fanzine. Si ces espérances ne se sont pas réalisées depuis 1993, le projet n’en reste pas moins intéressant. Les textes publiés se situent dans l’honnête moyenne des nouvelles parues dans imagine… et Solaris, sans toutefois rivaliser avec les meilleures, tandis que le support – couverture cartonnée, impression laser, reliure brochée – rappelle imagine… à ses débuts. L’éditeur note d’ailleurs en page de garde que cet ouvrage a été publié sans subvention gouvernementale. Pour l’instant, étant donné la fréquence de parution réduite des revues principales, l’absence d’autres anthologies et la vitalité de la nouvelle de SF francophone au Canada, Orbite d’approche comble un besoin. Toutefois, c’est en allant chercher et en développant de nouveaux auteurs comme Julie Martel ou Annie Angers que l’anthologie rendra le plus service à la cause de la SF québécoise.

Le collectif, relativement court, est composé de quatre textes, dont trois avaient été soumis au départ en vue d’une publication dans le premier volume d’Orbite d’approche. Seul le texte de Julie Martel a été commandé spécifiquement pour ce deuxième volume.

La nouvelle de Philippe Gauthier, « Rêver le monde », ne manque pas d’intelligence, mais elle souffre d’une fin mal amenée et assénée au lecteur à l’improviste, sans subtilité. La force de la conclusion repose plus sur un de ces délires solipsistes si souvent traités dans la science-fiction qu’ils en deviennent de plus en plus éculés, que sur l’idée somme toute intéressante d’une Arche destinée à faire voyager l’humanité d’une incarnation de l’Univers à la suivante. Le texte donne l’impression d’avoir été écrit sans réflexion préalable, l’auteur n’intégrant pas ses surprises à l’ensemble de l’histoire, car, tout de même, à quoi bon construire une Arche pour des milliards d’humains s’ils sont condamnés à ne conserver que des souvenirs extrêmement limités de leur vie antérieure et de leur personnalité ? Il aurait été plus simple d’embarquer quelques milligrammes d’ADN humain…

La nouvelle de Julie Martel, « Fox Hunt », nous décrit un monde où les jeux se servent de la réalité virtuelle pour appâter les clients et titiller leurs instincts les plus violents. Sans véritable conclusion, il s’agit plus d’une vignette venue du futur que d’une véritable histoire, mais le texte met l’eau à la bouche du lecteur, qui s’attendra à mieux de cette auteure dans les années à venir.

Les deux derniers textes, « Jardin interdit » d’Annie Angers et « Le Contact » de Richard Cadot, sont d’une facture plus classique. Annie Angers dépeint un monde décadent, où la zone des miséreux alimente les vices des riches et où il ne reste plus trace de la nature d’antan. Les efforts de Misha et Mikhaïl pour ressusciter les plantes d’autrefois aboutissent à un résultat à la fois tragique et ironique, conférant à ce texte une ambiguïté de bon aloi. Richard Cadot a créé un texte moins ambitieux parce qu’il est plus direct : dans un monde pollué, où le contact physique est rendu impossible par le dérèglement des systèmes immunitaires, Carmélie et André sont prêts à mourir pour aller jusqu’au bout de leur amour.

Pas un texte de cette anthologie n’est pire que médiocre et l’ensemble procure quelques moments fort agréables. Depuis quelques années, Les Publications Ianus, en publiant Samizdat, Sous des soleils étrangers et Orbite d’approche, méritent de plus en plus d’être reconnues comme le troisième pilier de la nouvelle de science-fiction de qualité au Canada francophone, avec imagine… et Solaris. [JLT]

  • Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 137-138.