À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Le petit Saul Harris joue à la guerre avec ses soldats miniatures alors que sa mère Emily est plongée dans la lecture d’un roman d’amour au jardin. Pendant ce temps, Henry Harry Harris III, pdg d’Ordinatours & Cie, donne une réception pour souligner le lancement d’une nouvelle gamme de robots, les Erobots, programmés pour des services sexuels en tous genres. Dégoûtée par cette invention, la directrice des projets en intelligence artificielle de l’entreprise met au point un virus puissant qui, à terme, détruira la population entière.
Commentaires
Sur un ton léger et enjoué, Marc Vaillancourt nous convie dans « Ordinatours et Cie » à une fin du monde annoncée. De prime abord, on est décontenancé par le style franchouillard de la nouvelle. Marc Vaillancourt est-il un auteur français qui se cache derrière une identité québécoise ? Nenni !
On comprend à la fin du texte pourquoi le style est si fleuri, le vocabulaire aussi imprégné d’argot français et la langue aussi proche de la logorrhée. Il s’agit du récit d’un observateur français venu du passé grâce à une machine à voyager dans le temps, un chronoscaphe. Ce reporter court les fins de monde pour en faire le récit à ses contemporains.
La position morale du visiteur est plutôt ambiguë et suscite un certain malaise. Tout en brossant une satire désinvolte de cette humanité décadente du XXIIe siècle – la scène se déroule en 2162 –, il se garde bien de juger, observant plutôt ces comportements basés sur l’égocentrisme et la satisfaction du plaisir personnel sous toutes ses formes avec amusement et un regard détaché. Toutefois, son mépris exagéré à l’égard de l’attitude de la directrice des projets en intelligence artificielle trahit son parti pris pour les valeurs de cette société. Même si l’époque d’où vient le voyageur temporel n’est pas précisée, cela en dit long sur sa société d’origine – la nôtre, n’en doutons pas ! – qui porte en elle les germes de la décadence à venir.
Au-delà d’une intrigue fort peu relevée, Vaillancourt mérite notre considération pour son travail sur la langue et l’érudition de son vocabulaire. Ah ! ces Français ! [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 184-185.