À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Le père Belot, « inépuisable conteur », raconte l’histoire de Marguerite, une pauvre mais belle femme de la région de Québec. Trop consciente de son charme, elle ne refusait pas les compliments des hommes, allant même jusqu’à accepter leurs visites. Le curé local lui en fait vainement reproche. Un jour, c’est le diable qui vient frapper à la porte, et Marguerite lui lance : « Entrez ! » Le bel homme sombre lui fait la cour un moment, l’embrasse même sur la bouche, puis l’emporte tout en reprenant son apparence bestiale. Seule une prière à la Vierge sauve Marguerite, qui deviendra dès lors la plus vertueuse des femmes. Depuis, les gens hésitent à dire « Entrez ! » lorsqu’on frappe à leur porte, et préfèrent l’injonction « Ouvrez ! ».
Commentaires
On pourrait objecter qu’il est tout aussi risqué de dire « Ouvrez ! » à un démon, sachant qu’ils ont tous quelque expérience de la lame dans leur fonction de tortionnaires infernaux, mais enfin on suppose qu’il était mal vu de répliquer aux conteurs sur le ton de l’ironie, d’autant plus que leurs propos dénonçaient le plus souvent l’impudence et le manque de respect envers la tradition.
Devant un texte aussi court (deux colonnes de journal), le critique qui a accepté de commenter plusieurs récits canadiens-français du XIXe siècle se retrouve dans la situation tant redoutée : sur l’énième mouture du conte moral impliquant une pécheresse, un curé et le diable, que dire qui n’ait déjà été dit maintes fois ? Aucun détail pittoresque ici, fût-il ethnographique, géographique ou historique, aucune digression littéraire du conteur et pas d’autre mise en abyme que la traditionnelle introduction donnant la parole à un vieillard prolixe.
On passe donc au suivant… [DS]
- Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 136-137.