À propos de cette édition

Éditeur
Librairie Déom
Genre
Fantastique
Longueur
Courte nouvelle
Paru dans
Conteurs canadiens-français (époque contemporaine)
Pagination
341-343
Lieu
Montréal
Année de parution
1970

Résumé/Sommaire

Un homme qui n’est pas d’ici, ni de couleur, ni de langue, ni de démarche, se voit confier un balai et transporter dans un coin de la ville qu’il aura pour mission de nettoyer en échange de pain. Lorsqu’on vient le chercher, on n’arrive pas à le trouver, alors l’homme continue de balayer, si bien qu’il efface un large secteur de la ville. On l’incarcérera pour cette faute, toujours sans lui donner son pain. Quand il sortira de prison, il acceptera de nouveau le balai qu’on lui tend, mais cette fois avec « un sourire dont la méchanceté n’[est] pas d’ici ».

Première parution

Pain (Le) 1964

Commentaires

En lisant cette courte fable à l’ambiance mystérieuse, on a l’impression d’être précipité dans une nouvelle muette de Jorge Luis Borgès, de Franz Kafka ou de Paul Auster, un scénario en noir et blanc dont seuls les pantomimes et l’expression du regard sont à même de nous révéler ce qui se joue. Comme dans « Histoire d’amour », l’autre nouvelle de Jolis Deuils qu’Adrien Thério a sélectionnée pour représenter l’apport de Roch Carrier dans le champ des formes brèves, le fantastique se mêle à l’absurde et au réalisme magique pour faire passer par la métaphore un message qui concerne notre rapport à l’altérité.

On trouve aussi au centre des préoccupations de la nouvelle cet individualisme grandissant qui porte de plus en plus l’homme à considérer son prochain en fonction de ce qu’il peut lui apporter plutôt qu’à partir d’une relation collaborative, une réflexion qui occupe particulièrement les esprits au moment de la rédaction de la nouvelle, au début des années 1960. Il faut néanmoins relever qu’à l’instar de plusieurs nouvelles de Jolis Deuils, « Le Pain » pourrait en agacer certains par un certain moralisme ambiant de même que par sa « fin à punch » qui surgit à la toute dernière phrase, une technique que Carrier n’hésite pas à employer dans son recueil. Comme c’est le propre de la fable, on le lui permet, mais il vaut mieux aborder le texte en lecteur averti.  [CJa]