À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
En route vers le C.N.S.P.M. (Centre national des six « p » minuscules) situé en Abitibi, Lilli Put suppute ses chances d’obtenir le poste MPPP-1,4. Rien n’est encore acquis même si sa taille minuscule et ses dons poétiques devraient la qualifier pour cet emploi.
Commentaires
Cela ne m’avait pas frappé à la première lecture – en fait, avais-je retenu quelque chose, sinon un sentiment profond d’ennui ? – mais là, l’évidence s’impose. Il y a dans « Pandanus… » une obsession des chiffres (quatre taches de rouille, deux lumières rouges, trois coussins, etc.) qui constitue une critique subtile des valeurs d’une société habituée à tout jauger à l’aune des nombres et qui alimente par le fait même un discours ironique. Même la narratrice, en raison de sa petite taille (1,3 mètre), n’échappe pas à ce travers. C’est pourquoi le poste pour lequel elle pose sa candidature, Mère Porteuse de Petits Poètes, fournit un contrepoint ironique à la norme sociale.
Malheureusement, le texte contient très peu d’informations sur cette société dédiée à la pensée mathématique, où le rêve et la poésie semblent rigoureusement contingentés et planifiés. Société dystopique sans doute, comme le laissent supposer des réflexions de ce genre de la part de la narratrice Lilli Put : « Quelle est la longueur idéale de la circonférence d’un espoir pour qu’un rayon puisse s’en échapper ? »
Cet exemple donne en même temps une idée du ton prétentieux qui parcourt la fiction de Monique Juteau. Ce n’est pas mal écrit mais il n’y a rien dans « Pandanus… » pour nous convaincre de l’importance d’aménager un espace mental à la poésie. Ce texte sommaire produit l’effet contraire (excusez l’alexandrin !). [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 98-99.